Dans le cadre de sa politique de relocalisation de la production de médicaments, le gouvernement avait décidé d'accorder une subvention de 800 000 euros à Servier. Face à la polémique, le ministère de l'Industrie a finalement annoncé qu'il faisait machine arrière.
Ce financement devait permettre d'accroître les capacités de production du laboratoire pharmaceutique sur son site de Gidy (Loiret), le site même où Servier produisait le Mediator. Les collectifs de victimes de ce médicament devenu tristement célèbre étaient rapidement montés au créneau pour dénoncer cette mesure, envoyant notamment une lettre au ministre de l'Économie le 8 mars. « C’est une insulte aux victimes du Mediator. Ce serait risible si ce n’était pas simplement inquiétant. Et si ça ne témoignait pas d’une indifférence cynique totale aux enjeux de santé publique », dénonçait la semaine dernière la pneumologue Irène Frachon.
Outre le fait de donner de d'argent public à une entreprise récemment condamnée par la justice*, le nom des médicaments qui devaient bénéficier de cette subvention posait lui aussi question. Selon des révélations du « Canard enchaîné », les 800 000 euros de subvention devaient en effet servir à la production de 5 médicaments : Vastarel, Coversyl, Fludex, Triplixam et Preterax. Comme le rappelait le journal satirique, l'antihypertenseur Triplixam avait notamment fait l'objet d'un avis de la Haute Autorité de santé en septembre 2019. Celui-ci avait conclu à « un service médical rendu insuffisant pour justifier d’une prise en charge par la solidarité nationale ».
Interrogé sur la pertinence de subventionner la production de ces médicaments, le ministère de l'Industrie s'était tout d'abord défendu en affirmant que la subvention concernait « le projet d’augmentation des capacités de production » et non les médicaments cités. Quelques jours plus tard, conscient que la polémique commençait à enfler, le gouvernement a finalement décidé de rétropédaler. « Compte tenu de l’émotion suscitée par cette décision, le gouvernement a décidé d'annuler cette subvention qui concerne le site de Gidy », a confirmé Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée à l'Industrie.
* En mars 2021, Servier a été reconnu coupable de « tromperie aggravée » et « homicides et blessures involontaires » par le tribunal correctionnel de Paris dans l'affaire du Mediator. Le laboratoire a également été condamné à une amende de 2,718 millions d'euros. Servier a fait appel de cette condamnation.
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