Une réunion s'est tenue cet après-midi entre le ministère de la Santé et les syndicats pour faire le point sur les ruptures de médicaments, qui deviennent plus que problématiques pour les officines. Les représentants de la profession ont notamment demandé à François Braun de clarifier certains propos tenus ces derniers jours.
L'USPO, la FSPF et le CNOP ont diffusé un communiqué commun ce 23 décembre au soir pour alerter l'opinion sur ce que vivent les officinaux depuis déjà de longues semaines. « Nous ne sommes plus en mesure d'assurer pleinement nos missions de santé publique au service de la population (...) Les pharmaciens d'officine ont d'extrêmes difficultés à répondre à la demande croissante des parents (...) contrairement à ce qui a pu être dit, la dispensation à l'unité ne s'applique pas aux solutions buvables pédiatriques (...) Plusieurs annonces relayées par les médias font état d'une amélioration progressive qui ne correspond aucunement à la réalité actuelle du terrain », déplorent les signataires qui reprochent en particulier à François Braun « des propos en décalage avec la réalité de la profession ».
Invité de la chaîne d'information en continu « CNews », le 22 décembre, le ministre de la Santé s'était exprimé sur la question des ruptures de médicaments, notamment au sujet des spécialités pédiatriques. Certains de ses propos ont irrité les représentants de la profession à tel point que la présidente du Conseil national de l'Ordre des pharmaciens (CNOP), Carine Wolf-Thal, a pris contact avec le ministère pour s'en expliquer, ce qui a conduit à l'organisation d'une réunion en urgence cet après-midi. Le CNOP et les syndicats reprochent au ministre de sous-estimer la gravité de la situation concernant les ruptures en pharmacie. « Aujourd'hui, 70 % des pharmacies n'ont plus d'amoxicilline pédiatrique, alerte Pierre-Olivier Variot, président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO), citant un sondage réalisé par son syndicat. Si l'on se base sur les chiffres d'IQVIA, les sorties concernant l'amoxicilline pédiatrique sont inférieures aujourd'hui à ce qu'elles étaient en 2020, pendant le confinement. Il faut donc arrêter de dire que les pharmacies en ont et qu'il n'y a pas de problème. Je passe 12 heures par semaine à chercher des médicaments manquants ! Cela fait trois mois qu'on galère ! », explique le président de l'USPO, qui n'a que modérément apprécié le fait que le ministre n'ait « pas eu un seul mot de reconnaissance » pour la profession dans cette période difficile. Cet après-midi, les représentants de l'Ordre et des syndicats ont pu s'entretenir avec François Braun. « Il a reconnu qu'il avait eu des informations parcellaires, observe Pierre-Olivier Variot. Selon le ministre, la situation pourrait commencer à s'améliorer la semaine prochaine ou au début de la semaine suivante, on ne sait pas vraiment quand. »
Si la situation est déjà intenable pour les officines, la situation en Chine, elle-même en proie à des pénuries, (ce qui pourrait compliquer l'approvisionnement en principes actifs), et la volonté de l'Allemagne d'augmenter le prix de certains médicaments pédiatriques, (ce qui suscite de grandes inquiétudes pour le marché français), n'incite pas à se montrer complètement optimiste pour les prochaines semaines. Pierre-Olivier Variot demande donc que certaines mesures soient prises. « Il faut que l'on accélère la mise en place des mesures dérogatoires et que l'on interdise la vente en ligne de paracétamol. Surtout, il faut que l'on trouve des solutions pour anticiper les prochaines crises », demande le président de l'USPO, qui espère que le message de la profession aura (cette fois) été entendu par les pouvoirs publics. Selon les membres de la profession présents durant la réunion tenue aujourd'hui, le ministre de la Santé s'est engagé à « davantage de concertation avec les acteurs de terrain, à communiquer en conséquence et à mettre en œuvre des mesures adéquates face à l'urgence de la situation ».
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