« On ne risque pas un AVC pour un nez bouché ! » C'est en résumé le message que veut faire passer la directrice générale de l'ANSM, Christelle Ratignier-Carbonneil. Dans un communiqué, notamment signé par la FSPF, l'USPO et l'Ordre des pharmaciens, l'Agence a officiellement déconseillé l'utilisation des vasoconstricteurs par voie orale contenant de la pseudoéphédrine. Huit médicaments sont précisément concernés par cette mise en garde. (Actifed Rhume jour et nuit, Dolirhume Paracétamol et Pseudoéphédrine, Dolirhumepro Paracétamol Pseudoéphédrine et Doxylamine, Humex Rhume, Nurofen Rhume, Rhinadvil Rhume Ibuprofène/Pseudoéphédrine et Rhinadvilcaps Rhume Ibuprofène/Pseudoéphédrine).
En cause, un lien potentiel entre la pseudoéphédrine contenue dans ces médicaments et la survenue d'effets secondaires graves. « Des infarctus du myocarde et des accidents vasculaires cérébraux peuvent se produire après utilisation de médicaments vasoconstricteurs (pseudoéphédrine) destinés à soulager les symptômes du rhume. Le risque est très faible mais ces événements peuvent se produire quelles que soient la dose et la durée du traitement », souligne l'ANSM, qui rappelle le caractère « non indispensable » de ces médicaments efficaces pour traiter les symptômes du rhume, mais pas pour guérir la maladie. Une évaluation est en cours au niveau européen pour établir précisément le lien entre la pseudoéphédrine et ces effets secondaires graves. Selon le président de la FSPF, Philippe Besset, cette étude ne devrait permettre de tirer aucune conclusion définitive. Par conséquent et sans attendre les résultats de ces travaux, l'ANSM a décidé d'appliquer le principe de précaution en incitant les Français à se détourner de ces spécialités.
« Nous voulons que ces médicaments disparaissent »
Si cette communication a été jugée « prématurée et alarmiste » par certaines organisations comme NéreS, les ambitions de l'ANSM à long terme semblent claires. « D’autres mesures restrictives pourraient être prises afin de protéger les patients », précise l'Agence. « L'objectif au niveau national est que ces médicaments disparaissent des officines, mais aussi des armoires à pharmacie des Françaises et des Français », va jusqu'à affirmer Christelle Ratignier-Carbonneil. De fait, les ventes de vasoconstricteurs par voie orale contenant de la pseudoéphédrine ont déjà fortement baissé ces dernières années dans notre pays (10 millions de boîtes vendues en 2016, 4 millions l'an dernier). En matière d'utilisation de pseudoéphédrine, la France ne se situe qu'au 16e rang parmi les pays de l'Union européenne. Un élan que l'ANSM souhaite donc encourager en s'appuyant notamment sur les pharmaciens. « Nous devrons alerter les patients, leur dire sur quoi ce produit est efficace et sur quoi il ne l'est pas et quels risques il comporte potentiellement », confirme le président de la FSPF, Philippe Besset.
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