L’AFFAIRE Mediator aura fait chavirer le système de sécurité des produits de santé français. À l’origine du scandale, un médecin pneumologue, le Dr Irène Frachon, mais aussi une jeune pharmacienne, Flore Michelet. C’est elle la première à chiffrer le nombre de décès imputables au Mediator, dans sa thèse soutenue en juin 2010. « Le chiffre de 500 à 1 000 décès imputés au Mediator est obtenu en recoupant les informations de différentes sources, explique-t-elle au « Quotidien » (notre édition du 7 février). Au début, je me suis demandé si je devais l’indiquer. Pour moi, ce n’était pas un point crucial de mon travail. Je ne l’ai même pas évoqué lors de ma soutenance. » Pourtant, c’est ce chiffre qui aura tout déclenché. « Sans cette évaluation, nous n’aurions jamais connu l’impact dramatique qu’a pu avoir ce médicament au fil des ans », affirme le député Gérard Bapt, qui a présidé la mission d’information parlementaire sur le Mediator.
Mais, dans la tempête qu’il a soulevée, le Mediator a aussi emporté avec lui la confiance dans l’ensemble des médicaments de la pharmacopée. Les officinaux le constatent chaque jour au comptoir. Une enquête de Call Medi Call, réalisée entre fin octobre et début novembre pour « le Quotidien du Pharmacien », révèle ainsi que près de 9 titulaires sur 10 ont observé au cours de ces derniers mois une plus grande méfiance des patients à l’égard des médicaments. Une méfiance qui se traduit pour 66 % des pharmaciens interrogés par le refus d’un traitement mis en cause dans les médias.
Redonner la confiance, c’est donc tout l’enjeu de la loi sur la sécurité sanitaire du médicament portée par Xavier Bertrand. S’appuyant sur les conclusions d’un rapport de l’IGAS*, de celles des Assises du médicament (auxquelles les officinaux ont participé activement), mais aussi de travaux parlementaires, le ministre de la Santé a souhaité tout remettre à plat. « Ma responsabilité, mon devoir, c’est de rebâtir un nouveau système du médicament, un nouveau système de sécurité sanitaire, avec un objectif : qu’il n’y ait pas demain de nouveau « Mediator » », affirme-t-il. Déjà, dans un premier temps, il confie l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS) au Pr Dominique Maraninchi, jusque-là à la tête de l’Institut national du cancer (InCa). Puis, fin juin, Xavier Bertrand dévoile les grandes lignes de sa réforme du système. Au programme, pêle-mêle, lutte contre les conflits d’intérêts, durcissement des règles pour la mise sur le marché des spécialités et pour la prise en charge des traitements, et refonte de la visite médicale. Mais, il le sait, cette loi ne fera pas tout. Aussi, compte-t-il sur les officinaux pour redonner confiance dans le médicament, comme il l’a répété à plusieurs reprises cette année. « La confiance a été sérieusement ébranlée avec l’affaire du Mediator, rappelle ainsi le ministre de la Santé. Regagner le chemin de la confiance passe aussi par vous qui êtes au quotidien en contact avec les patients. »
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