Avec ses 176 lobbyistes accrédités auprès des institutions européennes et ses 40 millions de frais annuels, le lobbying de l’industrie pharmaceutique est décrit comme un véritable commando de choc par l’ONG Corporate Europe Observatory (CEO) dans une étude dénommée « Policy Prescriptions, the firepower of the EU pharmaceutical lobby and implications for public health ».
Cette organisation est spécialisée dans l’étude des pressions exercées par les groupes industriels sur la politique et la démocratie. Elle a relevé que les dépenses déclarées par les groupes d’intérêts pharmaceutiques pour peser sur les décideurs européens, y compris l’Agence européenne du médicament (EMA), étaient quinze fois plus importantes que les frais engagés par les associations de promotion de la santé publique et de l’accès au médicament. Celles-ci n’ont que 48 lobbyistes à leur disposition.
Le nombre de groupes pharmaceutiques accrédités au registre de la transparence des lobbies bruxellois est passé de 23 en 2012, à 40 aujourd’hui. Parmi le top ten des laboratoires les plus assidus, les sommes engagées chaque année se situent entre 700 000 et 2,46 millions d’euros. Mais ce n’est que la partie émergée de l’iceberg, car CEO note que la plupart des laboratoires figurant dans le registre d’accréditation sont également clients d’une et souvent plusieurs sociétés spécialisées en lobbying. En revanche, d’autres laboratoires, absents du registre, recourent de manière assidue aux services de ces sociétés.
Le but de l’ensemble de ces lobbyistes est de décrocher le maximum de contacts avec des membres de la Commission européenne. 50 réunions ont ainsi été tenues depuis novembre 2014, avec les directions générales de la Commission. « Un accès quasi systématique aux décideurs » que CEO juge inquiétant au regard des données sur les essais cliniques, du secret des affaires et des négociations sur le traité transatlantique (TTIP).
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