POUR Claude Castells, président de la Chambre syndicale de la répartition pharmaceutique (CSRP), l’intitulé de la conférence des « Échos » sur la mise en place d’une distribution pharmaceutique efficace est « orienté », puisqu’il sous-entend qu’elle n’existerait pas encore. « Les défaillances du système n’ont jamais été démontrées », souligne-t-il. En revanche, il plaide pour une « adaptation des règles fondamentales » de la distribution. Il regrette qu’elles n’aient jamais évolué depuis les années 2000, alors que le marché a été profondément chamboulé, notamment par la mise en place du droit de substitution élargi et la sortie de la réserve hospitalière. « Il faudrait repartir d’une feuille blanche, en mettant le patient au centre et en respectant deux fondamentaux : sortir de l’obligation de moyen pour arriver à une obligation de résultat et respecter des règles équitables au niveau concurrentiel. » Il estime également que les « obligations de service public doivent être attachées à des familles de produits et non plus aux opérateurs de la distribution ». En effet, il existe désormais plusieurs familles de produits, alors que, « avant les années 2000, on considérait le médicament comme une seule famille de produits », analyse-t-il.
Parmi les évolutions du marché, Catherine Sermet, directrice adjointe de l’IRDES, a étudié l’effet des déremboursements de spécialités pharmaceutiques. Résultat : même si le déremboursement d’un produit provoque une chute immédiate de ses prescriptions, on constate leur report sur d’autres produits. Par ailleurs, le passage des produits déremboursés dans la catégorie de l’automédication, avec un prix souvent plus élevé, ne compense que partiellement la chute des volumes. En revanche, aucune étude n’a été menée sur l’impact sur la santé publique de ces déremboursements.
Rôle de pivot.
Philippe Gaertner, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) rappelle pour sa part que « la répartition fonctionne bien actuellement, car elle permet de mettre à disposition du patient n’importe quel produit en 24 heures ». Il souligne également l’évolution du rôle du pharmacien dans la chaîne du médicament, accélérée récemment par la loi HPST, la loi de financement de la Sécurité sociale 2012 et la loi médicament. Il note que toutes ces évolutions vont dans le sens d’un renforcement du rôle de professionnel de santé du pharmacien, notamment grâce à la mise en place de l’honoraire. « Il devrait représenter 25 % de la marge en 2015 et atteindra déjà un montant d’environ 700 millions d’euros dès 2013. » Cependant, les syndicats n’envisagent pas un basculement total vers l’honoraire afin « de ne pas prendre de risques sur le réseau officinal », indique le président de la FSPF. Les nouvelles missions, comme l’accompagnement des patients chroniques, vont également bouleverser les pratiques à l’officine. Les patients sous anticoagulants oraux pourront ainsi être suivis par les pharmaciens à partir de janvier 2013 et les asthmatiques à partir du 1er juillet 2013. Lucien Bennatan, président du groupe PHR, estime que le « pharmacien sera vraisemblablement le pivot du futur système de santé ». Il indique par ailleurs que ses adhérents, qui ont fait l’objet d’un audit, sont d’ores et déjà « prêts pour les nouvelles missions ». À vos marques…
Industrie pharmaceutique
Gilead autorise des génériqueurs à fabriquer du lénacapavir
Dans le Rhône
Des pharmacies collectent pour les Restos du cœur
Substitution par le pharmacien
Biosimilaires : les patients sont prêts, mais…
D’après une enquête d’UFC-Que choisir
Huit médicaments périmés sur dix restent efficaces à 90 %