« NOUS AVONS des remontées d’informations depuis juillet de professionnels de santé au niveau de la prescription, de la substitution et de la délivrance, concernant des pratiques que nous considérons comme déloyales de la part de sanofi-aventis, sur la commercialisation de son autogénérique de Plavix. Nous avons prévenu sanofi que nous envisagions de prendre des mesures importantes si ces pratiques se poursuivaient et elles se sont poursuivies », explique Maurice Chagnaud, président de Teva Santé. Sans dévoiler les éléments du dossier que Teva a mis entre les mains de l’Autorité de la concurrence, saisie lundi dernier de cette affaire, Maurice Chagnaud rappelle le précédent de l’affaire Schering-Plough vs Arrow génériques sur la buprénorphine, le premier ayant été épinglé par le Conseil de la concurrence pour dénigrement du générique du Subutex auprès des médecins et pharmaciens en 2007. Selon le quotidien économique « La Tribune » paru le 4 novembre, Teva aurait constaté « un amalgame d’informations déformées qui jettent le trouble dans l’esprit des pharmaciens ». Le nœud de l’histoire reposerait d’ailleurs sur la différence des sels utilisés.
« Notre but n’est pas de faire condamner sanofi mais de faire cesser ces pratiques qui visent à empêcher le développement des génériques de manière harmonieuse et efficace. Cela va à l’encontre de la politique de la France sur ce point, confirmée récemment par l’amendement d’Yves Bur voté à l’Assemblée nationale et l’accord-cadre du Comité stratégique des industries de santé (CSIS) du 26 octobre », ajoute Maurice Chagnaud.
Constat chiffré.
Le président rappelle que le Plavix représente pour sanofi un chiffre d’affaires annuel en France de 530 millions d’euros et « environ 6 millions de dollars par jour au niveau mondial ». Une molécule fort convoitée par les génériqueurs. « Nous n’en verrons plus de cette envergure. Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale attend 200 millions d’économies en 2010 sur cette molécule, mais les génériques n’auront pas les résultats escomptés, malgré le grand nombre de brevets tombés cette année », poursuit Maurice Chagnaud.
Le constat chiffré est éloquent. Après trois semaines de lancement, l’autogénérique Winthrop occupe 56 % de parts du marché des génériques de clopidogrel, suivi de Mylan (13 %), Biogaran (12 %), Arrow (7 %), les autres génériqueurs se partageant les 12 % restants*. Or, sur le marché générique global annuel, les parts de marché sont différemment distribuées : 30 % pour Mylan, 22 % pour Biogaran, 10 % pour Teva, 9 % pour Sandoz et 8 % pour Winthrop**. De même, sur le marché global du clopidogrel (princeps et génériques) après trois semaines de lancement, sanofi truste la place de leader en occupant 89 % du marché avec Plavix et 6 % avec son autogénérique*. « À titre de comparaison, après trois semaines de lancement de l’amlodipine générique, le princeps Amlor occupait 78 % du marché et les génériques se partageaient 22 %. » Pour autant, Teva n’est pas en mesure d’évaluer les pertes subies, car « le marché est compliqué et nous n’avons pas même un mois de recul ».
**Données GERS en chiffre d’affaires mobile à septembre 2009.
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