Distribution

A-t-on encore besoin des grossistes-répartiteurs ?

Publié le 15/04/2010
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Selon une étude de Direct Medica présentée à Pharmagora, le pharmacien considère avant tout le grossiste-répartiteur comme un partenaire. Un rôle important à l’heure où se développent de nouveaux modèles de distribution.

L’APPEL D’OFFRES de Roche, dans le but de sélectionner un ou plusieurs grossistes-répartiteurs afin de distribuer ses médicaments, soulève toujours l’inquiétude. Une crainte ressentie à la fois par la répartition, les pharmaciens et la ministre de la Santé elle-même, qui a demandé à ses services une analyse fine de la situation. « La pratique des grossistes-répartiteurs ne doit pas être mise en danger par la mise en place de contrats de distribution sélective qui les empêcheraient de mener à bien leur mission de service public », a indiqué Roselyne Bachelot.

Direct Research, la filiale études dans le domaine de la santé du prestataire Direct Medica, a réalisé un sondage* pour connaître le regard du pharmacien sur les grossistes répartiteurs. Ainsi, 48 % des pharmaciens considèrent leur grossiste comme un partenaire, tandis que 39 % le voient comme un fournisseur et 9 % sont d’accord avec les deux réponses. Plus encore, les officinaux se montrent fidèles à leur répartiteur principal puisque 87 % indiquent ne pas en avoir changé au cours des 12 derniers mois. Seulement 10 % annoncent avoir choisi un nouveau grossiste, en arguant essentiellement du fait qu’ils recherchaient à bénéficier de meilleurs services et de meilleures remises commerciales.

Service public.

Les pharmaciens sont conscients des avantages à commander auprès des grossistes, notamment en termes de flexibilité et de fréquence des livraisons (78 %) et en termes de disponibilité (93 %) des produits. En revanche, seulement 25 % sont satisfaits des formations sur les produits et les pathologies et 39 % le sont des remises commerciales. Sur ce dernier élément, 67 % des pharmaciens considèrent que les remises commerciales sont un avantage indéniable d’une commande directe, tout comme la disponibilité des produits (73 %). De manière générale, à la question de savoir quel est le partenaire le plus à même de les aider à remplir les missions de la loi Hôpital, patients, santé et territoires, 35 % des pharmaciens répondent à la fois que les grossistes et les laboratoires sont les mieux placés, 22 % estiment que les répartiteurs pourront les aider, 8 % se tournent vers les laboratoires, tandis que 21 % n’attendent de l’aide ni des uns, ni des autres.

Selon cette étude, le pharmacien est attaché à son grossiste-répartiteur, dont il reconnaît les qualités de service public. Pour autant, la question posée « A-t-on encore besoin des grossistes-répartiteurs ou va-t-on vers de nouveaux modèles de distribution ? » reste entière.

Expertise.

« Historiquement, les pouvoirs publics ont confié à la répartition pharmaceutique une mission d’intérêt général pour garantir à tous les patients un égal accès aux médicaments. Les grossistes-répartiteurs ont donc des obligations de service public. Y a-t-il encore, en matière de distribution, des enjeux de santé publique aux yeux des pouvoirs publics ? », interroge Emmanuel Dechin, secrétaire général de la Chambre syndicale de la répartition pharmaceutique (CSRP).

La répartition rappelle son expertise, en termes non seulement de logistique et de livraison, mais aussi de sécurité et de sécurisation de la chaîne d’approvisionnement.

D’après une conférence Pharmagora.

*Réalisé par téléphone les 23 et 24 mars derniers, sur un échantillon de 100 titulaires d’officine, représentatifs de la population officinale.

› MÉLANIE MAZIÈRE

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2742