Le Laboratoire Servier a annoncé hier la suppression de 610 emplois de son réseau de visite médicale français qui en compte 690, soit près de 90 % des effectifs (sur un total de 21 000 salariés dans le monde dont 5 000 en France). Cette restructuration commencera au second semestre 2016 afin de « sauvegarder la compétitivité » du groupe « dans un contexte de marché de plus en plus difficile », explique Olivier Laureau, le président de Servier. Selon lui, le laboratoire est « pénalisé par des pressions concurrentielles, réglementaires et économiques », citant des pertes de brevet, la progression rapide des génériques, les déremboursements ou les baisses de prix imposées et la « complexité » à développer de nouvelles solutions thérapeutiques. Servier compte se recentrer sur certaines aires thérapeutiques comme l’oncologie. Il prévoit le lancement de nouveaux médicaments, le développement de génériques et de biosimilaires, le renforcement de la promotion de ses médicaments dans les pays émergents et de sa politique de partenariats.
Il s’agit d’une refonte totale de son modèle de croissance « ancien et en panne ». Ses ventes en France hors génériques devraient s’établir à 241,6 millions d’euros pour l’exercice 2014-2015 clos au 30 septembre, soit deux fois moins qu’il y a cinq ans, et son chiffre d’affaires à 3,9 milliards d’euros. 92 % de ses ventes hors génériques sont réalisées hors de France, qui n’est que son troisième marché, derrière la Russie et la Chine. « Plus de 80 % » de ses ventes proviennent de médicaments qui ne sont plus protégés ou qui vont tomber dans le domaine public d’ici à 2019. Son plan de modernisation prévoit aussi de réduire de 25 % en trois ans le coût de ses sites de production, hors achats de matières premières. Il vise un chiffre d’affaires de 5 milliards d’euros à l’horizon 2020. Dans un article paru hier, le quotidien « Les Échos » pose la question de savoir, au moment où la plus grosse fusion de tous les temps vient d’être annoncée entre Pfizer et Allergan pour 160 milliards de dollars, si l’on peut « exister quand on est un laboratoire pharmaceutique avec un chiffre d’affaires de 1 à 4 milliards d’euros ? ». Il cite nommément Servier, Pierre Fabre et Ipsen, et affirme que le choix est limité pour eux : « innover ou disparaître ».
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