Le Laboratoire Servier vient d’annoncer qu'il renonçait - pour le moment - à la vente de sa filiale Biogaran.
Dans un courrier interne adressé aux salariés, le groupe Servier annonce avoir « reçu des marques d'intérêt de la part d'investisseurs internationaux pour Biogaran », mais avoir « décidé de mettre fin aux discussions avec les acteurs concernés » . Olivier Laureau, président de Servier, y écrit que « la création de valeur proposée n’apparaissait pas bénéfique pour l'entreprise, ses collaborateurs, le tissu industriel franco-européen, ainsi que les patients, pharmacies et partenaires » et que « les incertitudes politiques et réglementaires ont pesé sur ces marques d’intérêt ».
Cette décision met fin à des mois de spéculations sur l'avenir du leader français du médicament générique qui écoule 320 millions de boîtes par an dans l'Hexagone.
Rappelons que les rumeurs de cession ont circulé dès fin 2023, sans que Servier ne communique officiellement ses intentions vis-à-vis de sa filiale Biogaran. Dès le printemps, l'exécutif était monté au créneau pour mettre en garde contre une éventuelle mise en vente de ce laboratoire qui détient près d'un tiers du marché des génériques en France. Un dossier sensible donc, dans un contexte de pénuries de médicaments et d'efforts entrepris au sommet de l'État pour relocaliser des médicaments essentiels et pour attirer des investissements supplémentaires dans la santé.
Mais l’État redoutait qu'un acquéreur étranger puisse arrêter certains produits et/ou fasse produire ailleurs. À plusieurs reprises, l'exécutif a assuré que des « conditions drastiques » seraient mises en place en cas de repreneur étranger, avec la possibilité d'activer le contrôle des investissements étrangers en France (IEF) pour ne pas compromettre la souveraineté sanitaire.
Du côté des salariés, l’inquiétude n’a fait que grandir et, après la démission du gouvernement, les représentants du personnel ont lancé une pétition pour mobiliser l'opinion publique et alerter sur les risques liés à une « perte de souveraineté si la production est délocalisée », qui pourrait se traduire par « moins de réactivité face à des crises sanitaires, plus de ruptures de stocks en pharmacies, et la suppression d’emplois au sein de Biogaran et de ses sous-traitants ». Le génériqueur, qui compte 240 salariés, réalise actuellement la moitié de sa production en France, via sa quarantaine de sous-traitants qui fabriquent pour lui. De lui dépendent ainsi 8 600 emplois. Mais avec 1,2 milliard d'euros de ventes, il représente moins d'un quart du chiffre d'affaires de sa maison mère.
Enfin, il n'a pas été question de prix dans cette note interne. Selon une source proche du dossier, certaines offres ont atteint « plus d'un milliard d'euros » mais « la question du prix n'a pas été un critère prépondérant » dans la décision de Servier.
Le groupe ne jette toutefois pas définitivement l'éponge. « Nous pourrons initier de nouvelles revues stratégiques à l’avenir comme nous le faisons régulièrement pour évaluer le potentiel de nos activités », souligne le président du groupe. Pour une entreprise de taille moyenne comme Servier, les moteurs de croissance sont ailleurs, prioritairement dans l'innovation en oncologie, une expertise plus lucrative que celle des génériques.
Avec l’AFP.
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