Réforme de la sécurité sanitaire

Sarkozy annonce des mesures pour juin 2011

Publié le 24/01/2011
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Après l’émoi suscité par l’affaire du Mediator, le gouvernement semble bien décidé à revoir complètement le dispositif de sécurité sanitaire du pays. À l’occasion de la présentation de ses vœux aux personnels de santé, le chef de l’État a ainsi indiqué que les premières mesures seront prises dès le mois de juin 2011, une fois les travaux des missions d’information parlementaires achevés.
" Il faut tirer toutes les leçons du dossier du Mediator »

" Il faut tirer toutes les leçons du dossier du Mediator »
Crédit photo : S. Toubon

LA RÉFORME du système de sécurité sanitaire français est en marche. Nicolas Sarkozy a promis des mesures pour le milieu de l’année 2011. « J’avais indiqué il y a quelques semaines que la transparence la plus totale serait la règle sur le sujet du Mediator, c’est ce que nous avons fait (…), il faut tirer toutes les leçons de ce dossier, nous allons donc engager une réforme de refondation en profondeur de notre politique du médicament », explique le président de la République. « Il ne s’agit pas de mettre à bas tout ce qui a été construit en France depuis vingt ans en matière de sécurité sanitaire, précise Nicolas Sarkozy, mais, dans le même temps, ce dossier du Mediator nous amène à nous poser un ensemble de questions fondamentales. »

Première étape de cette réforme annoncée, la mise en place des missions d’information parlementaires sur le Mediator. Celle conduite par l’Assemblée nationale, et présidée par le député socialiste Gérard Bapt, devrait mener ses premières auditions dès ce mercredi 26 janvier. La mission, dont les conclusions sont attendues en juin, devrait notamment entendre les ministres de la Santé successifs, les auteurs du rapport de l’IGAS et les dirigeants du Laboratoire Servier. Absente de la mission, la députée socialiste Catherine Lemorton semble cependant vouloir peser dans les débats. « Il aura fallu attendre un scandale impliquant certainement plusieurs centaines de victimes pour que le gouvernement prenne des décisions », alors qu’un rapport d’avril 2008, dont elle est par ailleurs l’auteure, pointait déjà cette situation. La pharmacienne toulousaine « espère que la leçon de cette scandaleuse affaire sera bel et bien tirée afin qu’une réforme complète du système soit assurée ».

Parallèlement aux travaux des missions parlementaires, l’enquête préliminaire entamée par le parquet de Paris se poursuit. Le Laboratoire Servier vient d’ailleurs de remettre de lui-même de nombreux documents concernant la fabrication du Mediator aux gendarmes responsables de l’enquête. Jacques Servier et plusieurs cadres de l’entreprise, sont, quant à eux, invités à se présenter devant le tribunal correctionnel de Nanterre le 11 février, à la suite d’une plainte déposée par des malades traités par son antidiabétique. En attendant le procès, plusieurs associations de patients et de consommateurs demandent la mise en place d’un fonds d’indemnisation des victimes du Mediator. Elles réclament la contribution des Laboratoires Servier au financement du fonds et exigent la réparation intégrale des préjudices subis.

Afin de permettre au groupe Servier d’organiser librement sa défense, le conseil d’administration du LEEM (Les entreprises du médicament) vient de décider de suspendre sa participation au sein de l’organisation. Le syndicat de l’industrie pharmaceutique estime également que cette décision doit lui donner la possibilité d’engager sereinement des discussions avec les pouvoirs publics sur la refonte du système de sécurité sanitaire. « Le LEEM entend contribuer, à la place qui est la sienne et aux côtés des autres parties prenantes, aux réflexions qui viennent d’être engagées ainsi qu’aux travaux des missions d’information parlementaires et de la seconde mission de l’IGAS », indique-t-il.

C. M.

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 2805