LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN.- La France est-elle encore un marché stratégique pour les laboratoires pharmaceutiques ?
PASCAL LEGUYADER.- Incontestablement ! Avec environ 25 milliards d’euros et des besoins médicaux non couverts, le marché pharmaceutique français demeure l’un des plus importants au monde et reste donc, bien évidemment, attractif. Les industriels du médicament sont néanmoins confrontés à un problème de lisibilité dans l’Hexagone. La pression sur les prix est certes forte, mais elle existe dans tous les pays européens. Comme les taxes, qui sont cependant trop importantes. L’absence de perspectives claires constitue en revanche un réel handicap. Or le Conseil stratégique des industries de santé (CSIS) était censé répondre à ce problème. Aussi le LEEM souhaite-t-il le voir se réunir dès que possible. À défaut, il est évident que l’emploi, notamment dans les domaines de la recherche et du développement (R&D) et de la production, pâtira de la pression que le dernier projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) a encore renforcée.
L’industrie pharmaceutique peut-elle être encore créatrice d’emplois ?
Raisonner globalement n’a pas véritablement de sens. Il est plus judicieux de distinguer trois grands secteurs : la recherche, la production et la promotion. Dans le premier, ce sont principalement les sept grands acteurs français - BioMérieux, Guerbet, IPSEN, LFB, Pierre Fabre, Sanofi et Stallergènes –, regroupés au sein du G5, qui sont pourvoyeurs d’emplois. La recherche n’en constitue pas moins un gisement important d’emplois pour tous les groupes pharmaceutiques. À condition de prendre en compte l’évolution du modèle de productivité ! À l’instar de ce qui existe aux États-Unis, il est essentiel d’accentuer la recherche translationnelle en installant de véritables passerelles entre recherche fondamentale et recherche clinique. IL faut donc à la fois développer les partenariats public/privé, en particulier avec les centres hospitaliers universitaires (CHU) et multiplier la sous-traitance avec des petites sociétés qui sont beaucoup plus flexibles et réactives que les grands groupes. Ainsi, les emplois dans la recherche ne diminueront pas, mais s’éclateront sur des structures beaucoup plus petites.
Et dans la production ?
Quelque 10 000 emplois, sur les 40 000 aujourd’hui recensés, ont ainsi été transférés chez des façonniers. Et ce phénomène devrait se poursuivre. À condition que la France soit capable de produire des volumes suffisants dès lors que les produits matures seront génériqués et de fabriquer des produits à haute valeur ajoutée, en prenant en charge des essais cliniques.
Comment expliquez-vous la réduction d’emplois dans la promotion enregistrée depuis 2006 ?
Elle est tout à fait logique, puisque c’est à cette période que les chutes de brevets ont commencé. Le nombre de visiteurs médicaux a ainsi fondu d’environ 30 % et 2 000 emplois devraient encore disparaître dans les deux ans à venir. À l’horizon 2015, si les règles ne changent pas et que la visite médicale collective n’est pas généralisée, les laboratoires pharmaceutiques devraient donc employer quelque 15 000 visiteurs médicaux ! Soit 9 000 de moins en 9 ans.
Pourquoi l’industrie pharmaceutique n’a-t-elle pas su anticiper le changement de modèle économique ?
Permettez-moi d’abord de rappeler que seuls 8 % d’emplois ont disparu depuis cinq ans. À défaut d’avoir réussi à préserver le même nombre d’emplois, l’industrie pharmaceutique a donc su anticiper, voire accompagner l’évolution de son modèle économique. D’autant que cette industrie n’a que peu de visibilité sur ses relais de croissance, puisque nombre de molécules sont arrêtées en phase III, avant même d’être commercialisées.
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