Le Quotidien du pharmacien.- Pourquoi avoir créé une gamme OTC de Doliprane ?
Isabelle Van Rycke.- Cette gamme a été conçue en partant du constat que les patients souhaitent gagner en autonomie dans la gestion de leurs douleurs passagères du quotidien tout en gardant le conseil éclairé du pharmacien. Avec une variété de formes galéniques et de dosages (de l’enfant à l’adulte), qui permet de choisir la présentation la mieux adaptée à chaque situation, cette gamme apporte un gain certain en confort d’usage et en praticité d’emploi. L’accès à cette nouvelle gamme leur est facilité car la plupart des présentations disponibles peuvent être placées devant le comptoir tout en étant conseillé par le pharmacien.
Ce changement anticipe-t-il un déremboursement total du médicament ?
Le CEPS* a décidé en décembre 2014 une baisse des prix des paracétamols visant à aligner les prix des différents paracétamols en France. Ceci a permis d’arriver à un prix unique pour le paracétamol remboursable. Cette décision a suspendu le débat ouvert sur la création d’un groupe répertoire générique du paracétamol. L’idée n’est pas de substituer une offre à une autre mais de compléter la gamme remboursable existante en élargissant l’éventail de solutions dans la prise en charge des douleurs pour satisfaire tous les patients : ceux qui souffrent de douleurs chroniques nécessitant un suivi médical, comme ceux qui souffrent de douleurs passagères qu’ils peuvent prendre en charge directement avec le conseil de leur pharmacien.
Envisagez-vous de lancer également de grands conditionnements de Doliprane ?
Non. Sanofi n’a jamais pris position en faveur des grands conditionnements de paracétamol. Les pharmaciens se sont déclarés contre et les autorités de santé s’interrogent sur leur bien-fondé et notamment sur le risque sanitaire potentiel d’une mise à disposition de conditionnements contenant plus de 8 g de paracétamol.
Les marques ombrelles, telles que Toplexil, induisent parfois un risque de confusion entre médicament et dispositif médical, et de banalisation du produit. Ne préparent-elles pas, en outre, une sortie du monopole pharmaceutique ?
Qu’il soit placé devant ou derrière le comptoir, un médicament reste un médicament. Le conseil du pharmacien est là pour assurer le bon usage de la molécule, éviter tout risque d’abus et en favoriser l’observance.
Le développement des marques ombrelles va dans le sens de l’automédication responsable parce qu’elles permettent une identification rapide du produit et de l’aire thérapeutique par le patient. La marque est aussi un gage de qualité pour le patient. Pour ces raisons, le lancement d’une nouvelle spécialité sous une marque ombrelle est une démarche entreprise pour de nombreux produits phares en OTC. C’est le cas de Toplexil Phyto, dispositif médical contre la toux qui n’a pas vocation à se substituer à l’offre existante Toplexil, médicament contre la toux, mais à compléter l’offre de Sanofi dans cette catégorie. Il offre une alternative aux autres solutions non-médicamenteuses présentes sur le marché pour le patient, mais aussi pour le pharmacien qui dispose de plus de choix pour son conseil dans le cadre de l’automédication responsable.
S’agissant du bon usage et du risque de banalisation dans le cas de Toplexil, toutes les précautions ont été prises pour permettre au patient-consommateur de distinguer clairement le dispositif médical du médicament : bloc-marques, conditionnements, publicité ; sur l’ensemble des supports de communication, les différents statuts de ces produits sont clairement mis en exergue, avec une insistance systématique sur les spécificités de Toplexil Phyto. Enfin, le conseil du pharmacien est important pour aider les patients à mieux prendre en charge leurs symptômes. C’est pourquoi nous souhaitons réserver aux pharmaciens d’officines la vente de Toplexil Phyto. Sanofi recommande d’ailleurs aux pharmaciens de l’implanter majoritairement derrière le comptoir afin de faire valoir leur rôle primordial de conseil sur cette catégorie.
La volonté de Sanofi est de mettre uniquement à disposition des pharmacies les dispositifs médicaux OTC pour des marques ombrelles incluant des médicaments dans leur gamme. Sanofi soutient le monopole officinal.
Plus généralement, comment envisagez-vous le développement de l’OTC en France, comme levier de croissance dans un contexte de pressions sur les prescriptions ?
Le développement de l’OTC est une réponse à la demande des patients qui souhaitent être plus acteurs de leur santé. Il rend aussi envisageable la pérennité de notre système de santé en favorisant le maintien en bonne santé de ces patients et en limitant les consultations superflues et les prescriptions dont la prise en charge par la collectivité ne se justifie pas médicalement.
La dépense moyenne pour l’OTC en France est de 32,10 € par habitant contre 42,40 € en Europe : l’OTC ne représente par ailleurs que 15,7 % du marché Français en volume contre 25,7 % pour la moyenne européenne des pays observés et le marché français de l’automédication se place aux toutes dernières places européennes en termes de développement. Nous avons donc une bonne marge de progression. Mais, si les conditions d’un potentiel de développement important sont réunies, avec notamment des médicaments d’automédication financièrement accessibles et un circuit de distribution sûr et efficace, il manque un facteur essentiel, la volonté politique : aucun délistage n’a eu lieu en 2014.
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