DEPUIS une directive européenne de 1994, les États membres sont tenus de réévaluer les autorisations de mise sur le marché de leurs médicaments, y compris homéopathiques. Auparavant, les 1 163 souches autorisées et remboursables bénéficiaient d’un enregistrement global. Désormais, elles doivent être enregistrées souche par souche. Depuis la fin de l’année dernière, l’Agence nationale du médicament (ANSM) a commencé les enregistrements homéopathiques (EH). Le laboratoire Boiron a par exemple soumis près de 900 dossiers jusqu’à présent. Plus de 205 ont déjà obtenu leur enregistrement, tandis que 27 souches ont été retoquées.
Sur son site Internet, le Syndicat national de la pharmacie homéopathique (SNPH) a publié la liste des souches pour lesquelles le laboratoire Boiron a obtenu des EH qui entrent en vigueur en septembre (voir la liste ci-dessous). Le syndicat prévient que « ces souches ne seront plus délivrées qu’en certaines formes et dilutions par Boiron ». Ces restrictions inquiètent les médecins et les pharmaciens homéopathes. Elles s’expliquent notamment par l’une des exigences de la procédure d’enregistrement, qui oblige les établissements pharmaceutiques à produire les médicaments et les préparations sur des sites répondant à des normes et selon un process industriel. « Pour les laboratoires, ces obligations nouvelles ont un double impact sur les coûts, qui les amène, d’une part, à ne fabriquer que les dilutions les plus prescrites des souches ayant obtenu un enregistrement, et, d’autre part, à retirer du marché les souches très peu prescrites dont la rentabilité n’est pas assurée », regrette le Syndicat national des médecins homéopathes français (SNMHF). « La contingence économique prime », estime Didier le Bail, pharmacien et vice-président du SNPH.
Série industrielle.
Autre conséquence de la nouvelle législation, les teintures-mères sont désormais considérées comme des produits de phytothérapie et plus comme des souches homéopathiques. « Elles ne seront donc plus remboursées et le taux de TVA va changer, de même que la rentabilité », souligne Didier le Bail. Là encore, les teintures-mères les moins rentables risquent de disparaître. De son côté, Boiron se défend de toute logique purement commerciale. « Nous réfléchissons aux souches et aux dilutions que nous gardons ou non en fonction de plusieurs facteurs, explique Géraldine Garayt, pharmacien et responsable du service information Boiron. Nous regardons les niveaux de vente, mais aussi la logique thérapeutique et nous constituons des groupes de travail pour effectuer le choix final. Pour mettre en place une série industrielle, nous ne pouvons pas avoir des lots de moins de 200 à 250 unités. Parfois, nous ne sommes même pas sûrs de les écouler, mais nous ne les supprimons pas pour autant. Il nous est arrivé de conserver une souche alors que nous n’en vendons que 80 unités par an. » Néanmoins, le SNPH conseille aux pharmaciens de se procurer « les liquides de plus basse dilution possible » avant les dates d’entrée en vigueur des EH, s’ils veulent « continuer à imprégner toutes les dilutions ». Cependant, cette solution ne sera viable qu’à court terme. « Les pharmaciens qui en ont besoin peuvent commander et stocker les produits entre un et cinq ans, explique Didier le Bail. Pour la suite, nous réfléchissons à des accords, soit avec des laboratoires français, soit avec des laboratoires qui importent, afin de continuer à nous en procurer. »
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