Le LEEM a formulé un vœu pour 2016. Les entreprises du médicament souhaitent, d’ici à l’automne, rédiger en concertation avec les différents acteurs, hôpitaux, organismes payeurs, professionnels de santé et même associations de patients, une série de propositions à l’intention de « ceux qui brigueront le pouvoir en 2017 », comme l’a défini Patrick Errard président du LEEM (les entreprises du médicament).
À l’occasion de ses vœux à la presse, le président du LEEM a réaffirmé la position centrale de l’innovation thérapeutique. Elle constitue le support majeur de l’action du LEEM pour les années à venir. L’enjeu est de taille puisqu’il s’agit d’assurer aux patients français les mêmes garanties d’un accès rapide aux innovations qu’aux autres Européens. « Or aujourd’hui nous constatons qu’un patient français doit attendre 300 jours en France quand la directive européenne énonce 180 jours et les patients allemands ne doivent patienter que quelques semaines pour voir ce même produit autorisé et remboursé », déclare Philippe Barrois, membre du conseil d’administration du LEEM et président de Novartis France.
Des procédés obsolètes
La frustration monte d’autant plus dans les entreprises du médicament qu’elles affirment avoir redoublé d’efforts en matière de recherche et d’innovation au cours des dernières années. « Les progrès ont été majeurs en oncologie, dans le traitement de l’Hépatite C ou encore dans l’insuffisance cardiaque, où la mortalité a reculé de 20 % dans les trois à cinq ans suivant l’initiation du traitement », récapitule Philippe Barrois. Il n’empêche. Les procédés d’évaluation et de financement du médicament, calibrés pour des molécules d’il y a vingt ans, sont en inadéquation totale avec des techniques de recherches en pleine mutation qui nécessitent de nouveaux investissements, et se penchent désormais sur des domaines tels que la pharmacogénomique ou encore les mécanismes cellulaires à l’origine des cellules tumorales… « Il y a urgence à libérer les conditions de l’innovation, à moderniser le système d’évaluation et à estimer le bénéfice de l’innovation à son juste prix », scande le président de Novartis, réclamant des critères d’appréciation du remboursement « objectifs, lisibles et prédictibles ».
Des enveloppes fermées
Industriels et pouvoirs publics ont pourtant déjà parcouru du terrain. La signature de l’accord-cadre, le 11 janvier, avec le Comité économique des produits de santé (CEPS) constitue même un pas significatif vers davantage de souplesse et de rapidité. Cependant, pour Patrick Errard cet accord ne doit pas cacher l’urgence absolue à réformer en profondeur le système de soins français. « Il faut introduire des réformes structurelles afin que l’innovation, y compris son rendement, trouve sa place », réclame le président du LEEM. Et de regretter que « l’État prisonnier de sa vision comptable et de court terme, fonctionne par enveloppes fermées dans lesquelles il n’est pas possible de faire entrer l’innovation ». Selon lui une refonte du système devra inclure un financement qui tienne compte des économies générées par ces innovations. « Il est faux de s’en tenir qu’aux seuls coûts de production. La valeur intrinsèque du produit est son bénéfice pour le malade », affirme-t-il.
Du reste, c’est une revalorisation globale du médicament et de son industrie qu’appelle de ses vœux le LEEM. Soucieux de cohérence entre la valeur de l’industrie et l’image qu’elle véhicule, les fabricants vont engager une réflexion sur la réputation du secteur. Cette mission sera confiée au Comité de déontovigilance des entreprises du médicament (Codeem) qui rendra son rapport au printemps.
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