JANSSEN-CILAG FRANCE a t-il voulu nuire à la substitution de son médicament Durogésic ? Oui, affirme l'Autorité de la concurrence, saisie en mars dernier par ratiopharm, premier laboratoire à commercialiser un générique du patch de fentanyl. Parmi les éléments mis en accusation, un courrier adressé par le fabricant du princeps aux pharmaciens d'officine, en novembre dernier, lors du lancement du générique. Dans ce courrier, Janssen-Cilag rappelle les mises en gardes et précautions d'emploi émises par l'AFSSAPS (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé) au sujet du fentanyl. Il s'agit de la nécessité d'un suivi en cours de traitement, en particulier pour les sujets de plus de 65 ans et les enfants. Le laboratoire princeps précise en outre qu'il va intégrer ces recommandations à la notice du Durogésic, alors que cette mise en garde « ne devrait figurer que dans le répertoire des génériques ». Des appels téléphoniques et des mails utilisant des arguments similaires auraient également été émis en direction des officinaux.
La décision de l'Autorité de la concurrence est rendue publique le 31 juillet. Selon ses termes, l'entreprise a « utilisé et rapporté de manière tronquée et ambiguë » les recommandations de l'AFSSAPS, qui suffisaient à l'information des professionnels de santé. De son côté, Janssen-Cilag a invoqué la nécessité de cette information. Il est rare que le répertoire des groupes de génériques, où cette mise en garde a été publiée, soit consulté.
Suspicion de prix prédateurs.
Dans son argumentaire, l'Autorité de la concurrence évoque le bénéfice perdu pour l'Assurance-maladie. Cette dernière a récemment classé le fentanyl parmi les 15 molécules les plus difficiles à substituer. À ce jour, en effet, son taux de substitution ne dépasse pas 5 %. Le princeps garde la main sur un marché de plus de 70 millions d'euros (soit 1,6 million de boîtes vendues) en officine, en 2008. Et ceci malgré une campagne de ratiopharm, menée en mars, pour tenter de rectifier le tir. Un long chemin reste à parcourir. Dans un sondage réalisé en début d'année, les trois quarts des officinaux affirment qu'ils ne veulent pas substituer le fentanyl. Avant de lancer une nouvelle communication, le génériqueur exige que soit mis fin à ces « pratiques contestées ». L'Autorité de la concurrence n'a pourtant pas accédé à sa demande d'obliger Janssen-Cilag à publier un rectificatif. Et elle n'a pas pu se prononcer sur une éventuelle pratique de prix « prédateurs », également reprochée au laboratoire princeps. « Nous avons constaté des difficultés à remporter certains marchés à l'hôpital, confrontés à un princeps dont le prix d'achat était proche de zéro », soulève Hubert Olivier, P-DG de ratiopharm. Le contentieux doit maintenant être jugé au fond par les autorités de la concurrence, sur le fondement d'abus de position dominante. Alors que de nouveaux génériqueurs s’apprêtent à commercialiser leur fentanyl, le dirigeant de ratiopharm veut tourner la page de cet épisode qui a nuit à son générique. « La substitution s'accompagne, pour certains principes actifs, de précautions renforcées. Notre objectif est que les pharmaciens se sentent en confiance avec le fentanyl comme avec tous les autres produits du répertoire. »
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