EN LIEN avec la réflexion engagée par le Haut Conseil pour l’avenir de l’assurance-maladie (HCAAM) sur la contribution des dépenses publiques de santé à la croissance, les Entreprises du médicament (LEEM) ont voulu « apprécier la contribution que les industries de santé exercent en faveur de la croissance économique et de la réindustrialisation de la France ». Vaste sujet confié au Centre d’observation économique et de recherches pour l’expansion de l’économie et le développement des entreprises (Coe-Rexecode). À première vue, l’industrie du médicament présente un potentiel élevé : la demande en solutions santé va en s’accroissant, son poids dans l’économie nationale n’est pas négligeable et elle a un effet d’entraînement important sur les autres secteurs industriels. Mais ce potentiel est menacé sur deux fronts, souligne Denis Ferrand, directeur général de la société Coe-Rexecode : « Par l’évolution du modèle économique de l’industrie du médicament et par l’effritement régulier de la compétitivité de l’industrie française du médicament. » Deux menaces déjà mises en exergue par Coe-Rexecode lors de ses précédents travaux, en 2004 et 2009.
Fragile compétitivité.
Néanmoins, l’analyse conclut que l’industrie pharmaceutique détient une place forte dans l’économie française en 2012, en termes d’activité et d’emploi, de niveau de qualification moyen, de productivité, d’intensité capitalistique et de capacités financières. Pourtant, le secteur s’érode légèrement depuis 2010, à la suite de la baisse du prix de sa production, certainement lié à la montée en puissance des génériques et à la maîtrise renforcée des prix. De même, les échanges extérieurs de produits pharmaceutiques restent excédentaires mais affichent également un recul. « À la fragilité de la compétitivité de l’industrie française du médicament paraît s’ajouter une érosion du potentiel d’attractivité de la R&D dans le domaine du médicament et des biotechnologies », précise le rapport. Les dernières statistiques font état d’un chiffre d’affaires de plus de 50 milliards d’euros et d’un taux d’exportation de plus de 50 % de la production française. Pour Coe-Rexecode, il est évident qu’il faut réorienter l’industrie pharmaceutique, d’autant qu’elle présente des effets d’entraînement sur son environnement économique. Autrement dit, chaque euro supplémentaire généré par les entreprises du médicament se traduit par 3 euros de valeur supplémentaire dans l’ensemble de l’économie française, et, en particulier, dans les branches de l’industrie chimiques, des services scientifiques et de recherche, des services administratifs et de soutien et des activités juridiques et comptables.
Enjeu économique.
Pour Philippe Lamoureux, directeur général du LEEM, cette étude renforce sa conviction : « L’industrie du médicament, et, plus généralement, le secteur des sciences du vivant, représente une réelle opportunité de développement et un enjeu économique majeur pour le pays. L’industrie pharmaceutique est une solution de sortie de crise. » Face aux menaces et aux reculs enregistrés par cette étude, le LEEM souhaite encourager le potentiel de croissance du territoire, non seulement en étudiant les possibilités de le réindustrialiser, mais surtout en s’opposant aux désindustrialisations. Pour cela, un dialogue de qualité doit se mettre en place avec l’État. « C’est ce que nous faisons déjà avec le conseil stratégique des industries de santé (CSIS), qui est un lieu d’échanges au plus haut niveau avec les autorités. C’est ce que nous devons maintenir en cette période charnière puisque l’accord-cadre qui nous lie aux autorités de santé arrive à échéance le 31 décembre », ajoute Philippe Lamoureux. Sans parler du projet de loi de financement de la Sécurité sociale, en préparation, non commenté par le directeur du LEEM. « Mon seul constat est que la cinétique des dépenses va assurer au gouvernement un rendement mécanique de 400 000 à 500 000 euros, grâce à la décroissance du marché en 2012, l’absence de scénario favorable en 2013 et les effets produits par la mesure du tiers payant contre génériques. La cinétique des dépenses est favorable à la maîtrise des comptes ! »
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