Le panorama 2016 des biotechs des sciences du vivant en France est formel. Le marché des biotechs devrait atteindre les 500 milliards d’euros d’ici à 2020 dans le monde. Rien qu’aujourd’hui, 70 % des médicaments vendus dans le monde sont issus des biotechnologies. Mais c’est aux États-Unis que les biotechs défendent leur avenir. « Si on n’est pas présents aux États-Unis, on n’est pas visibles », explique le Dr Richard Bouaboun, directeur des opérations de Defymed. La start-up de Strasbourg développe un pancréas bio-artificiel pour traiter des diabétiques de type I et a ainsi conclu un partenariat avec la société Semma Therapeutics.
La France offre d’excellentes conditions d’amorçage à la fois à l’aide de BPI France, du statut de jeune entreprise innovante et de l’existence du crédit impôt recherche. En revanche, l’instabilité d’une fiscalité élevée, le manque de fonds privés de capital-risque et les difficultés à créer un laboratoire commun privé/public incitent les jeunes pousses à aller voir ailleurs une herbe plus verte.
Hemarina, la start-up fondée en Bretagne en 2007 développant un substitut sanguin grâce à un ver marin, n’hésite pas à se rendre sur la côte est des États-Unis pour trouver des investisseurs. Comme pour Defymed, l’agence Business France, rattachée au ministère de l’Économie et des Finances, a joué les entremetteurs avec les investisseurs américains et permis à Hemarina de conclure un partenariat avec le Naval Medical Research Center. Le potentiel américain est tel que Business France et Galien Foundation ont lancé le programme MedStartup en 2014, dont le but est de soutenir le développement international des start-up françaises les plus prometteuses en les connectant aux entreprises américaines.
S’américaniser
Au-delà de la levée de capitaux, les biotechs cherchent donc à développer des partenariats avec de grandes entreprises pour passer aux phases de développement et de commercialisation d’un médicament. Mais l’entreprise française DBV Technologies a évité le big deal. En choisissant de s’américaniser à la fois en ciblant les attentes du marché américain et en entrant en Bourse sur le NASDAQ alors qu’elle n’a quasiment pas de concurrent, sa valorisation boursière a atteint des sommets. Son traitement phare, le Viaskin Peanut contre l’allergie aux arachides pourrait traiter les 800 millions d’enfants américains concernés alors qu’aucun remède n’existe actuellement. Ce patch quotidien devrait être lancé aux États-Unis en 2018, en Europe en 2020, date à laquelle DBV espère investir le marché américain avec le Viaskin Milk contre l’allergie au lait, deuxième allergie alimentaire des États-Unis… avant de miser sur la commercialisation de Viaskin Egg en 2022. Dans un article de « La Tribune » du 29 novembre, le PDG Pierre-Henri Benhamou explique : « La possibilité de signer des accords de licence était dans notre stratégie de départ, mais avec la valorisation boursière croissante dont nous avons bénéficié au début, nous avons décidé de ne pas céder en licence nos principaux produits. C’est un engagement vis-à-vis de nos actionnaires. » Sur les 500 millions d’euros levés depuis sa création en 2002, 400 millions sont américains, 100 millions sont européens, mais la biotech se veut française par la propriété intellectuelle, l’équipe de management, le site de production et le siège social. D’autres pépites françaises suivent le même chemin, comme Erytech Pharma, Cellectis, Genfit…
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