Dans le volet principal du scandale du Mediator, les juges d’instruction viennent d’annoncer qu’ils renvoyaient devant le tribunal correctionnel le Laboratoire Servier ainsi que l’Agence du médicament. Au total, onze personnes morales et quatorze personnes physiques comparaîtront au cours d’un procès qui se tiendra en 2018.
Après six années d’informations judiciaires, les juges d’instruction ont décidé de renvoyer devant le tribunal correctionnel de Paris le Laboratoire Servier ainsi que l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Suivant le réquisitoire du parquet de Paris, deux protagonistes de l’affaire du Mediator auront à répondre, pour l’un de « tromperie aggravée, escroquerie, blessures et homicides involontaires et trafic d’influence » et, pour l’autre, de « blessures et homicides involontaires ».
Dans ce procès, qui se tiendra vraisemblablement en 2018, ce sont donc onze personnes morales et quatorze personnes physiques qui auront à répondre de leur implication dans l’affaire du Mediator. Dans son réquisitoire de 600 pages, le parquet avait en effet estimé que le Laboratoire Servier avait mis en place une stratégie pour occulter le caractère anorexigène du médicament. Il y a une « volonté délibérée de ne pas faire apparaître la norfenfluramine », molécule toxique à l'origine du retrait en 1997 de l'Isoméride, autre coupe-faim de Servier, comme entrant également dans la composition du Mediator, souligne-t-il.
Toujours selon le parquet, le Laboratoire Servier aurait, par ailleurs, omis de signaler les risques d’hypertension artérielle pulmonaire et de valvulopathies. Selon les estimations du parquet, le nombre de décès s’inscrirait entre 1 500 et 2 100. 4 129 parties civiles seront réunies lors du procès.
À l’annonce de son renvoi en correctionnelle, le Laboratoire Servier a dénoncé « une instruction tronquée, minimisant les responsabilités de l’administration ». « L’action de l’Agence du médicament, de ses hauts fonctionnaires et de sa tutelle ministérielle a été occultée, alors que le Mediator était sous enquête nationale de pharmacovigilance de 1995 à 2009 », dénonce, dans un communiqué, le Laboratoire Servier qui affirme par ailleurs avoir déjà indemnisé 2 846 patients pour un montant total de 48,3 millions d’euros. Au civil toujours, 1 009 recours en indemnisation ont été déposés devant les juridictions, mais 74 % environ ont été rejetés.
Avec l'AFP.
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