LES POUVOIRS PUBLICS semblent décidés à développer l’automédication en France. C’est en tout cas ce que laisse entendre Thierry Tuot, coordonnateur du conseil stratégique des industries de santé (CSIS). « La volonté affirmée lors du CSIS d’engager une réflexion sur l’automédication reflète une réelle prise de conscience de la nécessité d’affronter cette problématique en France », a déclaré ce conseiller d’État, lors du dernier Forum de l’AFIPA (voir notre édition précédente). Sans être révolutionnaire, cette mesure n’en est pas moins une avancée importante, puisqu’elle vise à définir un cadre d’analyse, puis à le partager avec l’industrie. « Les pouvoirs publics ont décidé d’ouvrir un chantier à l’intérieur de l’administration pour discuter des obstacles et autres difficultés que pose l’automédication, explique Thierry Tuot. Cette mesure s’inscrit dans la logique du CSIS qui est à la fois une démarche partenariale et une réflexion sur l’attractivité. »
La mauvaise et la bonne.
Un double objectif qui revient à distinguer « la mauvaise automédication », consistant à vendre sur le comptoir tous les médicaments qui ne seraient plus remboursés afin de « développer son chiffre d’affaires avec des spécialités sans intérêt », de la « bonne automédication », contrôlée et encadré par les professionnels de santé et qui « vise à améliorer la prise en charge sans faire peser trop de tension sur le système de soins ».
Cet accord sur une vision commune constitue donc une bonne nouvelle, puisque l’intérêt pour la bonne automédication est désormais partagé par les pouvoirs publics et les industriels, qui « souhaitent réfléchir au développement de ce secteur dans le cadre d’une maîtrise de l’offre de soins et des financements ». Conséquence : la ministre de la Santé va lancer un groupe de travail partenarial à l’intérieur des administrations qui partageront leurs réflexions avec les industriels d’ici à la fin de l’année, dès lors que le gouvernement sera arrivé à une position harmonisée. Ensuite, sera sans doute initiée une démarche d’évaluation de ce qui s’est fait à l’étranger, voire d’expérimentation dans certaines régions, afin de continuer à progresser.
Un travail partagé.
« Il ne s’agit donc en aucun cas d’un rapport de force ou d’un conflit mais d’un travail partagé, engagé par les pouvoirs publics et l’industrie », précise encore le coordonnateur du CSIS. Bien au contraire ! Les avancées les plus vraisemblables viennent de la possibilité de reconnaître la très grande originalité du système de soins français qui met aux prises différents professionnels de santé - médecins généralistes, pharmaciens…-, tous dotés d’une forte déontologie.
« Nous avons donc la capacité à nous lancer dans une automédication qui impliquerait les pharmaciens d’officine, voire les infirmières et d’autres professionnels de santé, et permettrait de soulager les médecins afin qu’ils puissent dégager du temps pour d’autres pathologies plus lourdes », conclut avec enthousiasme Thierry Tuot. À charge alors aux complémentaires santé de s’impliquer pour garantir un cadre de justice sociale et envisager un développement significatif de l’automédication dans la perspective d’une maîtrise de la consommation de médicaments et dans un cadre médical de meilleure qualité.
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