COMME le souligne Christian Lajoux, président des Entreprises du médicament (LEEM), l’année 2011 a été difficile pour l’industrie pharmaceutique en termes de « stigmatisation et de maccarthysme, selon l’expression employée récemment par deux parlementaires ». À l’occasion de la présentation de ses vœux, il n’a pas hésité à rappeler : « on ne tournera pas de sitôt la page Mediator ; la mémoire en gardera un goût amer ». Mais le temps est désormais au « rétablissement du dialogue et à la reconstruction ». Pour cela, le LEEM croit en la « nécessité de préserver l’accès à l’innovation, l’euro-compatibilité des mesures et le statut de nos entreprises ».
L’année 2012 ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices puisque la croissance, déjà stagnante depuis plusieurs années, sera négative, comprise entre -1 % et -2 %, à laquelle il faudra ajouter des taxes pour 1 % du chiffre d’affaires des industries de santé. De plus, les exportations baissent également avec des prévisions à 5 milliards d’euros au lieu des 7 à 8 milliards d’euros habituels. Cela n’est pas sans conséquence sur l’emploi puisque la filière a supprimé entre 2 000 et 2 500 postes par an depuis deux ans. En outre, 28 plans de sauvegarde de l’emploi (PSE) sont actuellement en cours, concernant 2 734 postes. « L’année précédente, nous comptions 20 PSE concernant 4 900 postes », rappelle Christian Lajoux.
Réduire les déficits.
Les industriels du médicament doivent faire face à plusieurs défis. D’abord, « trouver une application réaliste et pragmatique des lois votées », s’agissant du contrôle a priori de la publicité, la transparence sur les liens d’intérêts, les études post-AMM et l’accès au marché. Ensuite, « affronter les enjeux de la crise économique et leurs interprétations dans la nécessité de réduire les déficits des comptes sociaux ». Car la crise financière pèse sur la dette et les déséquilibres desdits comptes sociaux, et la restructuration des entreprises en plein changement de business modèle « a été fragilisée par les baisses de prix et les déremboursements ». Enfin, l’industrie pharmaceutique doit « donner du corps et du suivi au Conseil stratégique des industries de santé (CSIS), notamment sur les points concernant l’évaluation de la fiscalité, les ruptures technologiques et les études cliniques ».
Lettre ouverte aux candidats.
Autre levier de choix : l’échéance de l’élection présidentielle en 2012. Le LEEM va interpeller les candidats afin de connaître leurs propositions pour « rétablir la cohérence entre les organes de gouvernance et le débat parlementaire ». Le LEEM attend des mesures à court terme et une politique stratégique, et non des décisions « opportunistes de baisses de prix et de taxe. Baisser les prix des médicaments, c’est faire les poches des industries de santé ». Christian Lajoux insiste pour que les politiques ne confondent pas « économie de santé et économie de régulation ». Dans ce cadre, les entreprises du médicament attendent de connaître les prises de position des candidats, d’une part sur l’innovation thérapeutique et la recherche de partenaires, et, d’autre part, sur la mutation de la production et l’évolution vers les biotechnologies. « Nous diffuserons le 7 février une lettre ouverte aux candidats, accompagnée d’un ensemble de propositions, sous le titre « L’industrie du médicament au cœur du défi français » et nous participerons à plusieurs débats organisés par la presse régionale à Toulouse, Strasbourg, Lyon, Agen, Clermont-Ferrand, avec un grand meeting de synthèse à Paris le 21 mars. »
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