« LE PLFSS 2014 doit être équilibré, lisible et juste. » C’est le message que les industriels du médicament souhaitent faire passer aux pouvoirs publics, alors que le projet doit être rendu public le 26 septembre. Pour donner davantage de force à leur réclamation, ils ont décidé de faire front commun et de parler d’une seule voix, en rassemblant six organisations d’industriels : les entreprises du médicament (LEEM), les laboratoires internationaux de recherche (LIR), l’association Générique même médicament (Gemme), l’Association française de l’industrie pharmaceutique pour une automédication responsable (AFIPA), le G5 santé, qui représente les principales entreprises françaises de la santé, et l’Agipharm, rassemblant les entreprises pharmaceutiques américaines. « Nos entreprises doivent répondre à un triple défi, reposant sur trois moteurs, la croissance, la compétitivité et l’emploi, rappelle Patrick Errard, président du LEEM. Or la croissance a plutôt tendance à ralentir, avec un chiffre d’affaires de ville remboursable qui a chuté de 3,3 % en 2012 et qui devrait connaître une baisse comparable en 2013. De plus, le milliard d’euros d’économies que nous avons dû supporter en 2012 est une somme considérable. Les industriels du médicament ne pèsent que 15 % de l’Objectif national des dépenses d’assurance-maladie (ONDAM) et on leur demande pourtant de contribuer à 56 % des économies, ce qui est injuste et inéquitable », s’insurge-t-il.
Investissements à long terme.
Le patron du LEEM regrette aussi la menace fiscale qui pèse de plus en plus sur les entreprises en France. « La lisibilité et la prédictibilité de ces mesures sont indispensables pour que nos entreprises puissent investir », met-il en garde. La perte de compétitivité de la France le préoccupe également. « Les industries du médicament sont de grands investisseurs dans l’innovation, nos dépenses de recherche et développement atteignent 5 milliards d’euros par an. Mais notre compétitivité est menacée, ce qui provoque un ralentissement de l’accès à l’innovation », s’inquiète-t-il. Concernant le troisième moteur, l’emploi, il rappelle que « les investissements d’innovation se prévoient 5 à 10 ans à l’avance et ont un impact sur les façonniers et les sous-traitant. La lisibilité est donc indispensable pour les anticiper correctement ». Une revendication partagée par Denis Hello, président du LIR. « Nous avons besoin de stabilité et de confiance pour investir. Nous demandons qu’une place suffisante soit laissée à l’accès à l’innovation. Quand on voit que les prix des médicaments innovants en France sont inférieurs, parfois de 20 %, à la moyenne européenne, on se demande quelle est la volonté réelle de la France de rester dans les pays innovateurs… » Selon Patrick Errard, « un PLFSS disproportionné, inéquitable et illisible couperait immanquablement l’un de ces trois moteurs ».
Une crainte partagée par les autres représentants des industriels. « La France est passée de la 2e place mondiale en terme d’essais clinique, à la 5e place, note Marc de Garidel, président du G5 santé. Les délais administratifs sont beaucoup trop longs et nous handicapent énormément. Il faut actuellement environ un an en France pour obtenir une réponse, alors qu’un mois suffit en Belgique. » Il juge que « des mesures concrètes, à court terme, permettraient de faire des économies, notamment en développant l’automédication et les nouvelles technologies ». Pascal Brossard, président de l’AFIPA, estime ainsi que « l’élargissement de la liste des produits d’automédication pourrait générer une économie de 300 millions d’euros, simplement en l’alignant sur la liste en vigueur dans d’autres pays européens ». Quant à Pascal Brière, président du Gemme, il souligne le succès des génériques, « qui ont permis 3 milliards d’économies en 2013, notamment grâce à la mesure tiers payant contre générique ». Il rappelle pourtant que « des baisses de prix à hauteur de 55 millions d’euros ont eu un impact sur les génériques, ce qui peut mettre en danger l’équilibre fragile de cette économie, ainsi que la sécurité sanitaire qu’elle apporte ». Pour Patrick Errard, la principale crainte des industriels est que le PLFSS 2014 ne menace un tissu industriel qui est aussi un acteur de santé. « Le PLFSS doit être mieux équilibré par rapport aux différentes composantes de l’ONDAM. Il est temps que des mesures structurelles soient prises », conclut-il.
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