LE RÉSEAU officinal évolue dans un contexte de déficits sociaux toujours très élevés. En 2013, le déficit du régime général de la Sécurité sociale a atteint 12,5 milliards d’euros et devrait se monter encore à 11,6 milliards d’euros en 2014. Pour 2015, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, présenté il y a quelques semaines par la ministre de la Santé Marisol Touraine et examiné ces jours-ci au Parlement, table sur un déficit ramené à 10,5 milliards, au prix d’un plan d’économies drastique de 3,2 milliards d’euros sur l’assurance-maladie, et avec un objectif national de dépenses de maladie – ONDAM – de 2,1 % seulement, au lieu de 2,4 % en 2014.
Le PLFSS 2015 prévoit ainsi rien moins que 1,065 milliard d’euros supplémentaire d’économies sur la chaîne du médicament, dont 550 millions de nouvelles baisses de prix et 435 millions au titre des médicaments génériques. « Ce projet de loi aura un impact réel sur un seul acteur de la santé : la chaîne du médicament. Les autres mesures prévues dans le PLFSS 2015 sont des économies de bouts de chandelle, souligne Philippe Besset. Or la chaîne du médicament est déjà exsangue et ne pourra pas assumer de nouveaux efforts l’année prochaine. »
Une activité en recul.
En effet, ces mesures vont être décidées à un moment où, comme le montrent les chiffres présentés par la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France avec le concours de Pharmastat, l’activité des officines est, à nouveau, globalement en baisse en 2013 et sur les sept premiers mois de 2014. Le chiffre d’affaires total des officines a reculé de 1,3 % en 2013, pour s’établir, toutes ventes confondues, à 33 223 millions d’euros.
Malheureusement, l’année 2014 ne sera pas meilleure puisqu’on observe un recul de l’activité de 1,3 % entre janvier et juillet, et de 1,5 % en juillet 2014 par rapport à juillet 2013. Cette dégringolade de l’activité est visible surtout sur le chiffre d’affaires du médicament remboursable, qui baisse de 2,2 % en 2013. « C’est la seconde plus forte baisse depuis 2007. Elle est liée exclusivement, en 2013, aux baisses de prix », fait remarquer Philippe Besset.
Le constat est le même pour le médicament non remboursable. Il baisse de 2,8 % en 2013, mais avec toutefois un nombre d’unités vendues qui reste stable. Ici, c’est le marché des prescriptions non remboursables qui tire ce secteur des officines à la baisse, avec notamment la génériquation du sildénafil et de pilules contraceptives.
Le marché des dispositifs médicaux est quant à lui à la hausse en 2013, de même que celui de la parapharmacie. Le premier augmente de 5,8 % et représente 7 % du chiffre d’affaires des officines, et le second s’accroît de 3,6 % en représentant 8 % de l’activité officinale. Ceci montre que, dans un marché très concurrentiel, certains pharmaciens savent trouver des relais de croissance. Mais attention, dans les faits, il y a un effet « taille » : en général, ce sont les grosses pharmacies qui ont les meilleurs résultats sur ce créneau de ventes.
Une baisse historique de la marge.
Du côté de la marge réglementée - sur l’ensemble des médicaments remboursables -, les chiffres révélés par la FSPF et Pharmastat sont très inquiétants. En effet, hors conditions commerciales sur les médicaments génériques, la marge administrée s’établit à 5,45 milliards d’euros à la fin 2013 pour l’ensemble des officines, et est descendue à 5,321 milliards d’euros en août 2014, soit environ le même niveau qu’en… 2003 ! Pour les 22 000 pharmacies françaises, cette baisse représente une perte de marge de 124 millions d’euros, soit une perte moyenne par officine de 5 600 euros.
Et le pire est peut-être encore à venir, estime Philippe Besset : « Si l’on projette ces chiffres sur la fin de l’année 2014, alors même que la situation risque de se dégrader encore du fait des baisses de prix déjà actées par le Comité de suivi des génériques au mois de juin, on aura une baisse de la marge réglementée de 180 millions d’euros en année pleine, soit 8 400 euros par officine. » Ce sera d’ailleurs un montant supérieur à ce qui était prévu initialement, puisque les études macroéconomiques réalisées avec l’assurance-maladie indiquaient que l’impact du PLFSS aurait dû conduire à une perte de marge réglementée de 130 millions d’euros seulement en 2014. Finalement, ce sera bien une perte de 180 millions pour le réseau officinal.
Au total, si l’on compare la marge des pharmaciens avec les dépenses de médicaments remboursés, le chiffre d’affaires industriel et l’ONDAM, le seul poste de dépenses de l’assurance-maladie à régresser en 2013 est la chaîne du médicament. On peut même dire, selon l’étude présentée par la FSPF, que le médicament est le seul acteur de santé à participer réellement aux économies. Alors que, comme le rappelle Philippe Besset, d’autres acteurs de la santé connaissent pour leur part des évolutions de dépenses positives, parfois même au-delà de l’objectif fixé par l’ONDAM…
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