LE SCANDALE du Mediator a fait trembler tout le système de sécurité sanitaire français. Avec une crainte, celle que cette affaire ait jeté le trouble sur l’ensemble de la Pharmacopée. Redonner la confiance, était d’ailleurs l’enjeu de la loi sur le renforcement de la sécurité du médicament portée par le ministre de la Santé, Xavier Bertrand. Qu’en est-il réellement, un an après l’éclatement de l’affaire Mediator ? La confiance des Français dans le médicament reste forte, selon l’édition 2012 de l’Observatoire sociétal du médicament LEEM/IPSOS*. En effet, 84 % des personnes interrogées affirment avoir confiance dans les spécialités commercialisées (76 % plutôt confiance ; 8 % tout à fait confiance). Cette proportion progresse même de deux points par rapport à la précédente étude réalisée en 2011. Et lorsque l’on interroge les patients sur les traitements qu’ils prennent, le taux de confiance est encore plus fort et atteint les 94 %. « Les Français font très bien la part des choses entre l’affaire Mediator et leur perception de la grande majorité des médicaments, analyse Brice Teinturier, directeur général délégué d’IPSOS. Car, pour eux, les médicaments, ça marche ! C’est pour cela que la confiance reste forte. »
Un sentiment partagé au-delà de nos frontières. En effet, IPSOS a posé les mêmes questions aux Allemands, aux Anglais, aux Espagnols, aux Suédois et aux Américains. Résultat, le taux de confiance dans les médicaments est compris entre 84 % et 93 % (84 % en Suède et en France, 85 % aux États-Unis, 90 % en Espagne, 92 % en Allemagne et 93 % aux Royaume-Uni) et entre 89 % et 95 % lorsqu’il s’agit de leurs propres médicaments. « Il n’y a pas de spécificité française », souligne donc Brice Teinturier.
L’Observatoire LEEM/IPSOS montre également que la confiance dans une spécialité est d’autant plus élevée qu’elle est soumise à prescription, remboursée et qu’elle est un princeps (90 % pour les médicaments de marque, contre 78 % pour les génériques). Les Français portent également un regard positif sur les vaccins. Même si le taux de confiance est équivalent aux médicaments en général (83 %), la proportion des personnes faisant tout à fait confiance aux vaccins s’élève à 25 %, contre 8 % pour l’ensemble des spécialités.
Efficacité.
Alors, pourquoi cette bonne image dans le regard de nos concitoyens ? « La légitimité vient de l’efficacité », indique Brice Teinturier. En effet, 44 % répondent qu’ils ont confiance dans les médicaments parce qu’ils sont efficaces ou parce qu’ils donnent de bons résultats ; 29 % parce qu’ils sont testés et contrôlés et 26 % parce qu’ils sont produits et prescrits par des professionnels compétents. Toutefois, qu’ils aient confiance ou pas dans les médicaments, 9 Français sur 10 ont conscience qu’ils sont des produits actifs présentant certains risques.
Quant à l’affaire du Mediator, les personnes interrogées jugent que les principaux responsables sont le fabricant de ce médicament (96 % des réponses) et les autorités sanitaires de contrôle (97 %). Viennent ensuite les entreprises du médicament en général (83 %), le gouvernement (79 %) et les prescripteurs (68 %). Dans ce contexte, les entreprises du médicament bénéficient pourtant d’une image plutôt bonne, observe le directeur général délégué d’IPSOS. En effet, l’industrie pharmaceutique arrive en quatrième position derrière les entreprises du secteur du bâtiment, celles de l’automobile et celles des télécommunications. Toutefois, même si les Français estiment que les industriels produisent des médicaments de qualité (74 %), qu’ils jouent un rôle important dans l’augmentation de l’espérance de vie (73 %) et qu’ils sont innovants (69 %), ils leur reprochent d’avoir pour objectif de faire des profits (91 %), de ne faire de la recherche que pour les médicaments financièrement rentables (83 %) et d’être plus soucieux de leurs bénéfices que des malades (80 %).
Cet observatoire représente « pour nous le reflet d’une perception de l’opinion de la population extrêmement importante », indique Christian Lajoux, président du LEEM. Et de conclure que « l’enquête révèle des éléments très positifs pour les entreprises du médicament. Mais aussi des interrogations que nous avons du mal à lever, notamment en ce qui concerne la vision de profit ».
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