FORTE d’une prévision de croissance deux fois supérieure à celle du PIB mondial, l’industrie pharmaceutique va débuter l’année 2015 sous des dynamiques favorables. Selon l’agence de notation Standard & Poor’s, à l’origine de ces prévisions, le développement des génériques, la perte des brevets et la pression sur les prix seront largement compensées par l’hégémonie croissante des prix nord-américains, par l’augmentation du segment des spécialités pharmaceutiques lourd de 158 milliards de dollars (127,35 milliards d’euros), ainsi que par une expansion de 15 à 20 % des marchés émergents au cours des trois prochaines années. Ceux-ci devraient constituer 25 % du marché mondial à l’aube de 2020.
Un marché soumis aux remboursements.
Standard & Poor’s démontre en effet que l’évolution de la branche reste décorrelée de la situation économique mondiale globale, en raison de l’état épidémiologique de la planète et de l’évolution des conditions de vie. Ainsi, en 2015 comme en 2014, le secteur devrait profiter d’une croissance annuelle de 4 à 5 %, pour voir son poids passer à mille milliards de dollars (806 milliards d’euros) en 2020, contre 718 milliards de dollars en 2013, (579 milliards d’euros). Il n’en restera pas moins que la fixation des prix reste la question majeure de ce marché, aiguillonnée par le prix du Sovaldi. À titre d’exemple, son prix de lancement en Inde équivaut à 1 % de son prix américain !
Plus que jamais, le remboursement domine les politiques d’innovation des Big Pharmas. Standard & Poor’s, qui considère le remboursement comme une faiblesse pour la branche pharmaceutique, relève l’émergence, notamment aux États-Unis, d’une « fixation des prix basée sur la valeur du médicament ». Bien qu’il soit prématuré de parler de tendance, l’agence n’en relève pas moins qu’en Europe, où les remboursements sont moins automatiques, ce principe est de plus en plus adopté. Deux pays européens, l’Allemagne et la Grande-Bretagne suspendant même l’éventuel remboursement et le prix d’un médicament innovant à la valeur médicale incrémentale qu’il apporte face à des thérapies existantes.
Une innovation au ralenti.
Conséquence : aussi paradoxal que cela puisse paraître, les industriels qui continuent de subir la perte des brevets, freineront la part de R & D à 16 %, voire 17 %, des volumes de ventes (19 % en 2013/2014 et 21 % en 2009). « Cette tiédeur s’inscrit dans la tendance observée au cours de la dernière décennie qui a vu décliner le volume global de R & D de 2 % », note Standard & Poor’s. Les analystes estiment que cette baisse des dépenses en R & D continuera d’être compensée par le nombre élevé des fusions acquisitions. Loin de décliner, cette stratégie connaît un regain depuis cette année car elle permet aux groupes pharmaceutiques des retours sur investissement plus rapides. Car, en dépit de la crise financière, les Big Pharmas continuent de détenir « les moyens de financer leur croissance » et acquièrent des groupes plus petits, détenteurs de brevets. Toutefois, selon l’agence de notation, il ne faudra pas s’attendre à une consolidation du secteur en 2015, pas davantage en 2016.
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