LES DERNIERS CHIFFRES dévoilés par le cabinet IMS Health confirment la tendance de fond. Le marché global de l’officine affiche un chiffre d’affaires de plus de 35 milliards d’euros à fin septembre 2012 (en prix publics). Le médicament, qui représente 84 % des ventes en pharmacie, chute de 1,5 %, tiré vers le bas par le médicament à prescription médicale obligatoire (PMO), qui décroît de 2,1 %. En revanche, l’ensemble du marché de la vente libre apporte un bol d’air à l’officine. Les produits d’automédication progressent de 1,5 %, en particulier le non-remboursable (+4,2 %), ainsi que les produits sans AMM (+4 %). Le plus étonnant est de constater un véritable changement dans les habitudes des Français. « On a toujours dit que les Français iraient difficilement vers l’automédication car ils ont une image du médicament gratuit fortement ancrée. Ce n’est plus vrai, nous assistons à un phénomène nouveau », souligne l’économiste de la santé Claude Le Pen. La différence est flagrante dans l’analyse comparative présentée par Pascal Voisin, directeur OTC d’IMS Health France, de la situation en France, en Italie, en Allemagne et en Belgique. Alors que le prix public moyen de la médication officinale en France est le plus bas (4 euros versus 7,50 euros en Italie, 8,40 euros en Allemagne et 8,60 euros en Belgique), les dépenses par an et par habitant s’élèvent à 76 euros dans notre pays, bien plus qu’en Italie (35,70 euros) ou qu’en Allemagne (62,70 euros).
« Excepté l’ophtalmologie, tous les marchés sont dynamiques, un phénomène de fond se met en place grâce au travail mené par les pharmaciens, les industriels et les autorités de santé », précise Pascal Voisin. Quant aux acteurs de ce marché, il est intéressant d’y trouver une majorité de groupes français dans le top 10. Sanofi est leader avec 11,6 % de parts de marché, suivi par l’ancien Français UPSA (7,3 %), puis Boiron (6,4 %). À noter également la présence de Pierre Fabre Santé à la 6e place et de la Cooper en 8e position. Côté marques, Doliprane reste le leader incontesté avec 4,3 % de parts de marché, devant Humex (2,3 %) et Nurofen (2,1 %).
Professionnel de santé.
« La part de l’automédication dans le chiffre d’affaires de l’officine est en constante progression et varie en fonction de la typologie. Alors que la moyenne nationale affiche une hausse de 4,7 %, l’évolution est encore plus forte pour les pharmacies rurales (+4,9 %), les officines de passage (+5,2 %) et celles situées en zone touristique (+6,2 %). Globalement, l’officine va mal mais la généralisation de ce phénomène a ses limites puisqu’il existe des situations fondamentalement différentes », souligne Pascal Voisin. Un élément sur lequel Claude Le Pen le rejoint. « Le chiffre d’affaires et la marge brute stagnent depuis trois ans, le chiffre d’affaires est même en baisse en 2012, l’officine doit donc trouver des ressources alternatives pour survivre car la situation du médicament remboursé ne va pas s’améliorer. » Le modèle français a fait le pari des nouvelles missions pour garantir l’avenir de l’officine, un choix qui s’oppose à un modèle dit « capitaliste intégré », comme celui du Royaume-Uni, qui vise les gains de productivité. Mais, « quelle que soit la stratégie choisie, l’automédication reste cruciale car c’est un segment extrêmement dynamique en Europe. La France est l’un des rares pays où ces médicaments font encore partie du monopole officinal, ils vont pouvoir conforter le pharmacien dans son rôle de professionnel de santé. »
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