CHAQUE ANNÉE plus de deux millions de Françaises s’exposent à un risque de grossesse non souhaitée, et 31 % des femmes déclarent avoir eu, au moins une fois dans l’année, un rapport sexuel sans contraception efficace, ce pourcentage atteint même 46 % chez les 16-24 ans. Ces rapports à risque résultent pour moitié d’arrêts, d’interruptions temporaires ou d’absence de contraception, pour l’autre moitié d’accidents de préservatifs ou d’oublis de pilule. Pour 88 % des femmes interrogées, la contraception d’urgence représente un vrai progrès et, pour 80 %, elle relève d’un acte de responsabilité. Pourtant, elles ne sont que 20 % a y avoir recours. Les raisons de cette non-utilisation sont l’absence de prise de conscience d’un risque de grossesse (51 %), un sentiment de culpabilité lié à leur imprudence (66 %), voire un sentiment de honte à la demander (20 %).
La méconnaissance de la méthode demeure toujours très forte et constitue aussi un frein à son utilisation : 41 % des femmes s’interrogent à tort sur un possible effet abortif et 46 % sur un risque potentiel de stérilité. Conséquence du manque d’information et de communication, 93 % des femmes aspirent à être mieux informées par les professionnels de santé. L’accès libre et sans ordonnance en pharmacie à la pilule du lendemain a mis le pharmacien en première ligne, et cet accès facilité est plébiscité par 76 % des femmes de l’étude : 86 % ont obtenu directement leur pilule en pharmacie et le pharmacien, en situation d’urgence, est perçu comme l’acteur essentiel qui les rassure (pour 73 % d’entre elles) et les conseille (pour 38 %), même s’il est parfois perçu comme moralisateur chez les mineures. En revanche, l’inadéquation entre la situation d’urgence (il faut faire vite) et les délais de rendez-vous avec le médecin explique la non-consultation (respectivement pour 66 % et pour 37 %).
Un besoin d’informations.
Les femmes souhaitent que le médecin s’implique en amont des difficultés et des situations à risque ; elles aimeraient recevoir des informations pratiques lors d’une consultation courante alors que le sujet est, dans les faits, très peu souvent abordé (67 % des femmes n’en ont jamais parlé avec leur médecin). « C’est principalement son rôle de pédagogue qui est réclamé afin de les déculpabiliser. En effet, il y a toujours un moment sans contraception dans la vie d’une femme ; la prise de contraceptifs oraux pendant la durée de sa vie féconde, de 17 ans à 50 ans environ, représente plus de 8 000 comprimés et l’oubli est inévitable, ce n’est pas un accident mais un processus quasi obligatoire », affirme le Dr Christian Jamin, gynécologue endocrinologue. La lassitude est compréhensible et elle favorise les conduites à risque comme les interruptions temporaires volontaires de contraception qui sont de plus en plus fréquentes (8 % des femmes fertiles) et relativement longues, en moyenne deux mois par an, mais pouvant dépasser douze semaines consécutives chez certaines femmes. « Aujourd’hui, le concept de contraception doit être revu dans une démarche plus globale, estime le gynécologue, et il est préférable de parler de contraception de rattrapage et non d’urgence. En accompagnement de sa prescription, le médecin doit intégrer trois impératifs : la prévention, l’éducation et l’information, non seulement pour la contraception d’urgence mais pour toutes les méthodes de contraception actuellement disponibles. » Pour le Dr Michèle Lachowsky, gynécologue psychosomaticienne, les gynécologues devraient aussi prendre l’habitude de parler de la « pilule du lendemain » à leurs patientes et, « pourquoi pas, la prescrire en même temps qu’une contraception classique, cela rendrait les femmes plus sereines. »
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