À l'occasion de la présentation de ses vœux pour 2018, jeudi dernier, le président du LEEM Patrick Errard a lancé une alerte quant à la dégradation des conditions d'accès aux traitements pour les patients français. Selon lui, si la politique économique du nouveau gouvernement produit ses effets dans d'autres secteurs, l'industrie pharmaceutique a été oubliée. Pourtant, se souvient le président du LEEM, « nous voulions y croire, nos entreprises cochaient toutes les cases du programme économique du président de la République ».
Ces espoirs sont déçus. Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2018 (PLFSS 2018) prévoit une contribution record de l'industrie pharmaceutique pour un total de 1,8 milliard d'euros d'économies (plus de 1 milliard d'euros de baisse de prix sur les médicaments, soit 140 millions d'euros de plus qu'en 2017) sur les 4,2 milliards du plan gouvernemental. Pour Patrick Errard, la France privilégie une vision budgétaire court-termiste, des mécanismes de régulation inadaptés, une instabilité réglementaire, une fiscalité élevée, tout en durcissant les conditions d'accès au marché. Résultats : les essais cliniques menés en France sont en recul, tout comme le nombre de médicaments récents produits en France, tandis que la Haute Autorité de santé (HAS) n'a pas délivré un seul ASMR I (amélioration du service médical rendu majeure) en 2016, donc en période de forte innovation. Surtout, le LEEM pointe des conditions d'accès aux médicaments dégradées. « 530 jours, c'est la durée médiane d'accès aux patients des médicaments qui ne font pas l'objet d'une ATU (autorisation temporaire d'utilisation), c'est un an de plus que l'Allemagne ou le Royaume-Uni. » Pour les médicaments sous ATU, la disponibilité moyenne se fait en 210 jours, mais ne concerne que 10 % de la population cible.
Alignement de planètes
Face à cette menace, Patrick Errard invite le gouvernement à prendre des « réformes audacieuses ». Il relève quelques signaux positifs, à commencer par « l'ouverture du chantier de la valeur thérapeutique relative (VTR) » annoncé par la ministre de la Santé Agnès Buzyn, qui pourrait à terme remplacer l'actuelle ASMR dans l'évaluation du médicament. Il salue aussi la reprise des travaux du Conseil stratégique des industries de santé (CSIS) dont la 8e édition se tiendra le 9 juillet prochain. Le LEEM appelle de ses vœux un PLFSS 2019 « de rupture » et se réjouit du renouvellement de l'accord-cadre avec le Comité économique des produits de santé (CEPS) en fin d'année. Mais prévient que la réforme de l'évaluation médico-économique doit être finalisée avant cette renégociation, tout comme la « levée des ambiguïtés et contradictions » de la lettre d'orientation ministérielle adressée en août 2016 au CEPS. Aux yeux de Patrick Errard, « la concomitance du CSIS, de la Stratégie nationale de santé, de la réforme de l'évaluation par la HAS et de la renégociation de l'accord-cadre ouvre de formidables opportunités pour repositionner notre industrie dans la compétition internationale ; cet alignement de planètes ne se produira pas deux fois dans le quinquennat ».
Industrie pharmaceutique
Gilead autorise des génériqueurs à fabriquer du lénacapavir
Dans le Rhône
Des pharmacies collectent pour les Restos du cœur
Substitution par le pharmacien
Biosimilaires : les patients sont prêts, mais…
D’après une enquête d’UFC-Que choisir
Huit médicaments périmés sur dix restent efficaces à 90 %