LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN.- Combien de boîtes de furosémide 40 mg contenant des comprimés de zopiclone ont-elles été retrouvées à ce jour, en dehors de celle signalée par le pharmacien de Saint-Malo ?
ÉRICK ROCHE.- Aucune, sur les 5 870 boîtes contrôlées (chiffre arrêté au 21 juin au soir), représentant 176 000 comprimés.
Pouvez-vous confirmer qu’un comprimé de zopiclone ne peut pas être scellé dans un blister de furosémide ?
Les goulottes des machines à conditionner qui distribuent les comprimés dans les blisters sont spécifiques à chaque produit. Si un ou des comprimés de zopiclone se retrouvaient mélangés à des comprimés de furosémide dans le vrac, ce ou ces comprimés de zopiclone seraient coincés par les goulottes. Les comprimés de zopiclone sont plus convexes et plus larges que ceux de furosémide : ils resteraient donc, en cas de mélange inopiné, coincés dans les goulottes et ne pourraient donc pas se retrouver, au niveau de la chaîne de fabrication, dans un blister contenant des comprimés de furosémide.
Avez-vous les résultats des analyses toxicologiques sur les personnes décédées signalées comme étant sous traitement de furosémide Teva ? A-t-on retrouvé de la zopiclone dans le sang de ces malades décédés ?
Nous n’avons à ce jour aucune donnée. Je pense que nous ne serons a priori pas les premiers informés. La seule information que nous ayons eue à ce sujet provient d’un journal régional, « le Dauphiné libéré », mentionnant que le parquet de Privas (Ardèche) avait clos son enquête concernant le décès d’une patiente de 83 ans. Selon l’article, la patiente n’était pas décédée de son traitement.
Avez-vous été en contact avec le pharmacien de Saint-Malo qui a alerté le laboratoire ?
Nous l’avons eu plusieurs fois au téléphone dans les 24 heures qui ont précédé l’alerte de l’agence nationale de sécurité du médicament. Le pharmacien responsable du laboratoire s’est entretenu avec lui. C’est à la suite de cinq échanges avec l’officinal, que nous avons décidé d’alerter l’ANSM et que, en accord avec elle, nous avons procédé au rappel des lots.
La piste de l’erreur de conditionnement peut-elle être aujourd’hui abandonnée ?
Une erreur technique industrielle peut en effet être écartée. C’est une des portes qui a été fermée par l’inspection de l’ANSM dès le 11 juin. Aucun écart majeur n’a été trouvé, ni dans l’organisation, ni dans les pratiques ni dans les équipements de l’usine de Sens.
Quelle est alors votre hypothèse sur l’origine de cette affaire ?
Je n’ai pas d’hypothèse. J’ai évoqué une piste humaine et je fais confiance au parquet de Paris pour faire toute la lumière. Les premières séries d’auditions sur le site de l’usine s’achèvent. L’idée, selon moi, c’est d’éliminer les hypothèses une par une. J’espère que l’enquête préliminaire va permettre de le faire, tout comme les blisters que nous ouvrons, ainsi que les analyses toxicologiques pratiquées lors des autopsies.
Estimez-vous, avec le recul, que cette alerte était justifiée ?
Totalement. Le témoignage d’un professionnel de santé a de la valeur. Il est crédible et nous ne l’avons jamais mis en doute. Si c’était à refaire demain, nous agirions de la même façon. Nous avons pris l’affaire très au sérieux dès le départ, notamment en répondant aux nombreux appels des patients et de leur famille, via le numéro vert que nous avons immédiatement mis en place. Nous avons reçu plus de 12 000 appels. La sécurité des patients a vraiment été notre obsession. Je rappelle que dans le groupe Teva, il y a 6 700 personnes, sur 45 000, qui travaillent dans les fonctions d’assurance qualité et de contrôle qualité. C’est une priorité absolue.
Le principe de précaution n’a-t-il pas, selon vous, été poussé à son extrême ?
Je m’étonne qu’on s’étonne. Nous avons un des meilleurs systèmes de pharmacovigilance du monde. Il ne faut pas s’étonner quand le principe de précaution, qui protège la santé du patient et garantit sa sécurité, est mis en œuvre. Le rappel de lots fait partie du processus normal en cas d’alerte de ce type.
Suite à cette affaire, craignez-vous une perte de confiance de votre clientèle à l’égard des génériques en général, et à l’égard de Teva en particulier ?
Il y a toujours une hypersensibilité et une émotion dès qu’il s’agit du médicament. En ce qui concerne Teva, ma priorité est celle de la sécurité des patients. Ce que je peux vous dire, c’est que nous avons reçu beaucoup de messages de soutien et de fidélité de la part des pharmaciens et des médecins. Sur le terrain, mes collaborateurs me disent que les officinaux se montrent solidaires et que leur confiance dans Teva n’est pas altérée. Ce qui, au passage, fait chaud au cœur.
À combien estimez-vous le préjudice subi par Teva ?
Ce sujet n’est pas d’actualité. Notre priorité est de se concentrer sur la santé des patients.
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