LES FRANÇAIS sont de plus en plus méfiants envers les médicaments, révèle le quatrième observatoire sociétal du médicament réalisé par Ipsos pour le LEEM (Les Entreprises du médicament). En un an, la confiance dans le médicament a chuté de 12 points, passant de 87 % à 75 %*. À l’inverse, la population qui ne fait « pas confiance » au médicament, a augmenté de 12 points, passant de 13 % à 25 %. Même avec les traitements qu’ils ont l’habitude de prendre, les patients sont moins confiants que l’an dernier : 15 % d’entre eux ne leur font « pas confiance », contre 8 % en 2013, tandis que les personnes qui déclarent leur faire confiance ne sont plus que 85 %, contre 92 % l’an dernier. Toutes les classes de médicaments sont touchées par cette crise de confiance : les médicaments sur ordonnance perdent 5 points, même s’ils restent à un bon niveau (88 %), les médicaments remboursés perdent 8 points (86 %) et les non remboursés perdent 6 points (66 %). Seule l’homéopathie gagne 3 points. Quant aux vaccins, ils perdent également 6 points (71 %). Les Français leur attribuent une note de 6,1 sur 10 pour la sécurité, soit un score inférieur à celui des médicaments en général, qui obtiennent 6,4 sur 10. Par ailleurs, seulement 57 % des personnes interrogées font confiance aux entreprises du secteur du médicament, un résultat en baisse de 5 points par rapport à l’année dernière. Cette baisse est cependant plus modérée que dans d’autres secteurs de l’économie, comme l’agroalimentaire, qui chute de 15 points pour atteindre 38 %, et la grande distribution (-13 points, 39 %).
Besoin de pédagogie.
Lorsqu’ils sont questionnés sur les informations qu’ils attendent sur les médicaments, les Français citent en priorité les effets secondaires (71 %) et les contre-indications (58 %), bien loin devant la posologie (31 %), les mécanismes d’action (23 %) ou la composition (19 %). Les principales menaces identifiées par les personnes interrogées sont la contrefaçon de médicaments (83 %), la vente de médicaments sur Internet (66 %) et la délocalisation des productions (50 %). Et 45 % des sondés seulement se déclarent bien informés sur les effets secondaires des médicaments, 31 % sur leur qualité et 24 % sur leur sécurité. En cas d’effet secondaire, les patients en parlent en priorité à leur médecin, pour 77 % d’entre eux. Ensuite, ils se reportent souvent à la notice (49 %) ou en parlent à leur pharmacien (34 %).
Cette crise de confiance ne manque pas d’inquiéter les industriels du médicament, qui s’étaient pourtant félicités l’an dernier que le scandale du Mediator n’ait pas affecté significativement leur secteur. « Nous devons enrayer ce sentiment de défiance », déclare Philippe Lamoureux, directeur général du LEEM. Soulignant que « les industriels du médicament sont l’une des industries les plus contrôlées, avec le nucléaire », il regrette que « les Français se déclarent pourtant systématiquement mal informés sur les médicaments ». Il déplore que « la surabondance de l’information, pas toujours hiérarchisée et pas toujours documentée, conduise à une saturation d’événements sensationnels autour du médicament, dans un climat de gestion de crise permanente ». Pour rétablir la confiance, il estime qu’il y a un « besoin de pédagogie envers le public, pour expliquer comment le médicament est mis au point, comment il est contrôlé, etc. Nous devons agir sur la transparence, sur un comportement responsable et sur la mise en avant de la notion de bénéfice/risque ». Pour Philippe Lamoureux « il faut repenser la communication sur le médicament, afin que les enjeux de santé publique l’emportent sur le sensationnel ».
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