« LE BILAN d’Alphega est très positif. Tout est parti de France il y a 10 ans, avec quelques centaines d’adhérents. Aujourd’hui nous sommes quasiment à 4 000 pharmacies adhérentes en Europe, à 5 000 si nous y ajoutons le réseau vivesco, en Allemagne, qui fait partie de l’entreprise de répartition que nous venons de racheter. » Directrice de la division Répartition pharmaceutique d’Alliance Boots, Ornella Barra est tout sourire lorsqu’elle parle des dix années qui viennent de passer et davantage encore quand elle aborde l’avenir. « Mais ce n’est pas une question de quantité, ajoute-t-elle, mais de qualité. Alphega, c’est un groupe, une famille, dans laquelle il n’y a pas de compétition, c’est tout l’intérêt pour le pharmacien qui s’y intègre. Cet atout s’ajoute à celui de pouvoir mieux comprendre ce qui se passe dans le monde, grâce à notre dimension européenne. Être européen est un avantage considérable. »
Pharmacien d’officine, d’abord adjointe, puis titulaire, elle a fondé en 1984 sa propre entreprise de répartition pharmaceutique, Di Pharma, rachetée deux ans plus tard par Alleanza Salute Italia (Alliance Santé Italie). Ornella Barra est nommée directrice générale, puis présidente d’Alleanza Salute Italia. Elle continue son ascension en devenant administratrice du groupe international Alliance Santé après avoir largement continué à des acquisitions en France, en Espagne, au Portugal, en Grèce et au Maroc. La fusion d’Unichem et d’Alliance Santé la propulse membre du conseil d’administration et directrice exécutive d’Alliance Unichem. La nouvelle fusion avec le groupe Boots, en 2006, modifie encore ses fonctions : elle devient administratrice et directrice des pôles Répartition et Affaires commerciales. Jusqu’à ce que, en 2007, Stefano Pessina et le fonds d’investissement KKR rachètent Alliance Boots. Depuis lors, elle est directrice générale d’Alliance Healthcare, la division Répartition pharmaceutique d’Alliance Boots. Elle supervise également les activités de distribution en pharmacie des produits de santé et de beauté de la marque Boots. Enfin, elle préside le Comité de responsabilité sociale d’Alliance Boots.
Devenir international.
Les perspectives pour Alphega Pharmacie passent par un élargissement de sa présence en Europe. Actuellement, des pharmaciens français, italiens, espagnols, anglais, tchèques et russes font partie du réseau, auxquels vont prochainement s’intégrer les Allemands du réseau vivesco. « Je veux qu’Alphega Pharmacie devienne international, en s’ouvrant à tous les pays où Alliance Boots est déjà présent », indique Ornella Barra. Or Alliance Boots est installé dans 25 pays, sur quatre continents… Un objectif très ambitieux. « Nous avons une stratégie européenne, voire internationale, mais nous devons nous adapter pays par pays, non seulement pour des raisons législatives, mais aussi culturelles. »
En termes de stratégie, Alphega Pharmacie souhaite aussi travailler certains points en particulier. « Nous souhaitons développer les formations proposées aux pharmaciens et proposer davantage de produits vendus exclusivement en pharmacie pour que l’officine soit le point de référence, au centre de la santé. »
Alphega Pharmacie revendique un positionnement tourné vers la pharmacie indépendante, ce qui peut étonner puisque le réseau fait partie d’un groupe international dans lequel des chaînes de pharmacies sont présentes. Mais ce n’est pas incompatible pour Ornella Barra, qui défend la pharmacie indépendante et ne croit pas que les chaînes de pharmacies remplaceront à terme toutes les officines indépendantes, ni sur les marchés émergents, ni sur des marchés matures. « Boots est la première chaîne de pharmacie européenne avec 3 000 pharmacies. Ce n’est jamais que 1,5 % des 200 000 pharmacies européennes. Et il aura fallu 160 ans et de très gros investissements pour en arriver là. Il n’existe pas de modèle parfait, tous sont bien. Le seul problème à mes yeux est la libéralisation sauvage. Nous ne ferons rien dans ce sens, nous n’avons jamais fait de lobbying pour les chaînes. »
Une femme influente.
Les problèmes économiques que traverse actuellement l’officine en Europe ne sont pas une raison pour tout libéraliser. Ces problèmes ne sont d’ailleurs pas seulement français. « Les approches sont différentes d’un pays à l’autre mais le résultat est le même : réduction des prix et de la marge. Les gouvernements font pression. En France, la modification de la marge grossiste va évidemment avoir un impact. La répartition doit déjà se contenter d’une toute petite marge pour répondre à des obligations de services, des livraisons n’importe où et au bon moment, en respectant des critères, selon les produits, comme la chaîne du froid. La conjoncture des prochaines années s’annonce difficile mais il existe des opportunités », souligne Ornella Barra.
Souriante jusqu’au bout, celle qui figure au top ten des 50 femmes d’affaires les plus influentes du monde, selon le dernier classement de « Fortune Magazine », oublie de dire que tout ce qu’elle touche se transforme en or. La division Alliance Healthcare qu’elle dirige, qui n’est autre que la branche répartition du groupe, a clôturé son exercice 2010 avec un chiffre d’affaires en hausse de 24 % et un résultat opérationnel qui grimpe de 36 %. Pour les six premiers mois de 2011, les recettes s’élèvent à 8 841 milliards de livres sterling, soit un pic de +49,5 %.
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