LE NOUVEAU virus A(H1N1) est toujours présent sur notre territoire. Même si le nombre de consultations pour grippe clinique se situe encore au-dessus du seuil épidémique (102 cas pour 100 000 habitants), sa part dans le recours aux soins reste néanmoins faible, souligne l’Institut de veille sanitaire dans son bulletin du 6 octobre.
Pour autant, les autorités de santé ne sont pas prêtes à desserrer l’étau. La vigilance est toujours de mise, tandis que la campagne de vaccination contre la grippe A devrait commencer au cours de la deuxième quinzaine d’octobre (voir encadré).
Mais dans les pharmacies, de nombreuses interrogations subsistent. Pour tenter d’y répondre, le ministère de la Santé s’apprête à diffuser un Guide pratique à l’intention des officinaux, élaboré en collaboration avec les représentants de la profession. L’intérêt de ce guide : permettre aux pharmaciens d’être incollables sur la pandémie grippale et de faire face à l’ensemble des questions de leurs patients. Ce document se propose également de les accompagner dans la mise en place d’un plan de continuité de l’activité en cas de pandémie dans l’Hexagone.
De nouveaux droits.
À l’approche de cette éventualité, les pouvoirs publics s’apprêtent aussi à donner aux officinaux la possibilité de déconditionner et de reconditionner du Tamiflu pour en faire des versions adaptées aux enfants. Une pratique normalement interdite par la célèbre loi Talon. Jusqu’à présent, la préparation de doses pédiatriques de l’antiviral ne pouvait être réalisée que par les pharmacies hospitalières. Mais, à situation exceptionnelle, mesure exceptionnelle. « La préparation faite par le pharmacien est désormais reconnue par l’AFSSAPS pour avoir une durée de vie de onze jours après fabrication, indique Isabelle Adenot, présidente de l’Ordre des pharmaciens. Un décret devrait paraître prochainement.
En cas de forte épidémie, les officines assureront également la délivrance gratuite à la population des stocks d’antiviraux constitués par l’État. Pour l’heure, elles dispensent à titre gracieux les masques de protection aux malades munis d’une ordonnance.
Plus largement, « le pharmacien doit répondre aux nombreuses questions de personnes inquiètes, il doit conseiller, rassurer, informer et diffuser les messages de prévention (mesures barrières), rappelle Isabelle Adenot. Il a un rôle d’éducation sanitaire important pour éviter la propagation du virus ; un rôle auquel il est habitué et qui a été reconnu par la loi HPST ». Avis partagé par Gilles Bonnefond, président délégué de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), qui souligne que, pour assurer une large sécurité en cas de renforcement de la permanence des soins (PDS), des dispositifs ont été prévus par les services de police et de gendarmerie. De même, « la continuité de l’activité officinale va nécessiter une disponibilité et une flexibilité accrue et adaptée, partout et à tout moment, aux lieux et aux circonstances », alors même que l’officine risque, comme toute entreprise, de devoir s’organiser sans les personnels touchés par le virus.
Claude Japhet, président de l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF), reste confiant malgré les difficultés envisagées : « Les pharmaciens sauront hisser leur générosité et leur dévouement au service des patients au niveau exigé par le caractère exceptionnel de la pandémie ». C’est aussi le sentiment de Philippe Gaertner, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), qui a mis au point un plan de continuité de l’activité du réseau (voir « le Quotidien » du 17 septembre). Seul regret de la profession, exprimé par Claude Japhet : que le pharmacien ne se situe qu’au dixième rang des populations devant être vaccinées en priorité.
La chaîne du médicament mobilisée.
Les autres acteurs de la chaîne du médicament sont également mobilisés. « Nous sommes tous en première ligne dans la prévention et la lutte contre la pandémie grippale et nous avons conscience que nos concitoyens et les pouvoirs publics comptent sur nous pour faire face à ce défi majeur », affirme Philippe Lamoureux, directeur général du LEEM (Les Entreprises du médicament). Les industriels ont ainsi donné la priorité à la production d’antiviraux et de vaccins. Les entreprises se sont donc adaptées pour faire face à ce type d’urgence en augmentant leurs capacités de production et en mettant tout en œuvre pour produire de nouveaux vaccins dans un délai de six mois. Sans toutefois abandonner l’approvisionnement en médicament pour les autres maladies, graves, aiguës ou chroniques, ainsi que pour les complications liées à la grippe.
Les grossistes-répartiteurs sont tout aussi concernés par la lutte contre la pandémie grippale.
Car, contrairement à ce qui se passe dans nombre de pays, « les autorités ont choisi d’utiliser le circuit habituel de distribution, circuit légal, rodé, sécurisé, connu et reconnu », fait remarquer Isabelle Adenot.
Cette confiance se manifeste par l’attribution de missions exceptionnelles aux grossistes-répartiteurs, qui doivent assurer la distribution des stocks gouvernementaux d’antiviraux, de masques et, bientôt, de vaccins, ainsi que la distribution des masques FFP2 aux professionnels de santé dans certains départements.
« Nous nous sommes engagés auprès des patients afin qu’ils puissent continuer à disposer des médicaments et produits de santé dont ils ont besoin, également auprès de nos partenaires de la chaîne du médicament pour continuer à proposer un service de qualité et, enfin, auprès de nos salariés en leur garantissant des conditions de travail adaptées au risque de contagion », indique Emmanuel Déchin, secrétaire général de la Chambre syndicale de la répartition pharmaceutique (CSRP).
Une fois de plus la chaîne du médicament semble liée par un même objectif.
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