Gilead a mené un essai démontrant l’efficacité de Descovy dans la prophylaxie pré-exposition (PrEP). Une nouvelle option pour les patients, ou une opération financière pour le laboratoire ?
C’est le magazine « Têtu » qui s’est penché sur la question. Notant que le laboratoire américain Gilead a mené un essai dans plusieurs pays européens et américains pour démontrer l’utilité de Descovy dans la PrEP, le magazine s’est demandé si ce médicament, autorisé en Europe dans le traitement du VIH depuis avril 2016, présentait un intérêt par rapport au Truvada. La réponse de Bruno Spire, directeur de recherche à l’INSERM et président honoraire de l’association Aides est sans détour. Il insiste d’abord sur la forte ressemblance des deux médicaments de Gilead. Le Truvada associe deux molécules déjà commercialisées seules par Gilead, à savoir l’emricitabine (Emtriva) et le ténofovir disoproxil fumarate ou TDF (Viread). Le Descovy associe lui aussi l’emricitabine mais avec le ténofovir alafénamide furamate ou TAF (Vemlidy). La différence se situe donc sur la structure chimique du ténofovir, la version alafénamide étant une prodrogue développée par Gilead pour diminuer les concentrations plasmatiques de ténofovir afin d’améliorer la toxicité rénale et osseuse observée avec le TDF.
« Le Descovy s’administre en plus petite quantité et est moins toxique que le Truvada, sachant que la toxicité de ce dernier est déjà très faible », explique Bruno Spire à « Têtu ». Mais à l’exception des patients présentant des problèmes rénaux « et qui représentent moins de 1 % des prepeurs », il ne voit pas d’intérêt à proposer Descovy dans le cadre de la PrEP. « C’est la même molécule dosée de façon différente, mais il faudra toujours prendre un comprimé. Je ne crois pas que ça soit une révolution ». Selon lui, « il s’agit davantage d’une opération financière que d’intérêt général », le Truvada étant désormais génériqué.
Plutôt que d’envisager Descovy dans la PrEP, Bruno Spire compte sur d’autres innovations. Il cite des travaux en cours « sur la PrEP injectable » qui pourrait être disponible d’ici 2 ou 3 ans, et sur « des patchs qui fonctionneraient comme des timbres contraceptifs qu’on glisse sous la peau (…) mais ça n’est pas pour demain ».
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