Les pénuries de médicament ne peuvent s’expliquer en une phrase. Ce qui a pu semer le doute chez les adeptes des réponses simples et ouvrir la voie aux théories les plus loufoques. Et amener le directeur général du LEEM, Philippe Lamoureux, à sortir de ses gonds.
« Non, contrairement à une idée fausse, l’industrie pharmaceutique n’organise pas les ruptures de stock ! C’est exactement l’inverse, le but recherché est d’apporter le médicament au patient dans les meilleurs délais ; la rupture est toujours vécue comme une catastrophe. » Et de mettre en garde les partisans des sanctions contre les laboratoires : « Les sanctions existent et les industriels font déjà face à une inflation normative difficile à gérer. Multiplier ces sanctions aura pour conséquence une baisse de l’offre puisque des industriels feront le choix de ne plus vendre en France. »
La première cause de rupture de stock est la tension mondiale entre la demande et la capacité de production, suivie des fluctuations imprévues du marché, puis des problèmes de production, des difficultés d’approvisionnement en principes actifs, des contraintes réglementaires et économiques. Ainsi la Chine, devenue le 2e marché mondial du médicament derrière les États-Unis, cherche à rattraper les niveaux de santé publique des pays matures. Ses vastes campagnes de vaccination ont entraîné une forte demande légitime en vaccins qui a été la principale cause de tensions mondiales d’approvisionnement, sur un produit dont le temps de développement est particulièrement long.
Les vaccins, qui font partie des anti-infectieux généraux, sont la classe thérapeutique la plus touchée par les ruptures de stock (21 %), devant les médicaments du système nerveux (19 %) et les anticancéreux et immunomodulateurs (14 %). Du côté de la forme pharmaceutique, les injectables représentent la moitié des médicaments concernés par les pénuries, ce qui s’explique par la complexité de leur procédure de fabrication. L’hôpital est plus touché que la pharmacie de ville, du fait d’une part d’un usage plus fréquent des injectables, et d’autre part d’un mécanisme d’appel d’offres mono-attributaire rendant difficile le « dépannage ».
Quant à la durée médiane des ruptures en 2017 des médicaments d’intérêt thérapeutique majeur, elle était de 7,5 semaines. Conséquence ? Selon une étude IPSOS pour le LEEM, 31 % des Français ont été confrontés une ou plusieurs fois à une rupture de stock de leur médicament au cours des six derniers mois. Une part qui monte à 47 % chez les patients chroniques.
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