La ministre de la Santé a confirmé hier le prochain déremboursement des médicaments contre la maladie d’Alzheimer. Une décision que regrette l’association de patients France Alzheimer.
« J’annoncerais effectivement, dans les jours qui viennent, le fait que nous suivrons les recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS) concernant les médicaments symptomatiques contre la maladie d'Alzheimer », a confirmé Agnès Buzyn le 28 mai sur RTL. « La date n'est pas fixée mais nous allons vers un déremboursement », a-t-elle ajouté. Aujourd’hui, les médicaments concernés (Aricept, Ebixa, Exelon, Reminyl et leurs génériques) sont remboursés à hauteur de 15 % par l'assurance-maladie, ce qui a coûté quelque 90 millions d'euros à la collectivité en 2015.
Signe de l'imminence de l'annonce de la ministre de la Santé, la HAS vient d'évaluer une nouvelle fois l'ensemble de ces médicaments. Et selon des documents mis en ligne le 25 mai sur son site, cette réévaluation confirme l'avis de 2016 : tous sont insuffisamment efficaces par rapport aux risques d'effets secondaires.
L'association France Alzheimer a pris acte de cette décision, qu’elle estime pour autant « infondée et dangereuse ». « Il semblerait que dans la balance économique, la qualité de vie des personnes malades et de leurs proches ne pèse pas très lourd », a-t-elle déploré dans un communiqué, avant même que la ministre ne s'exprime. Selon l'association, « le déremboursement entraînerait une iniquité entre les familles les plus aisées et les plus démunies ». France Alzheimer a fait valoir que, « au-delà de la question de l'efficacité, la prescription des médicaments participait grandement à maintenir un lien thérapeutique entre le médecin et le patient ». C’est d’ailleurs pour cette raison qu’avant d’annoncer les déremboursements, la HAS a publié de nouveaux guides et des fiches pratiques qui proposent une prise en charge efficace de la maladie sans avoir recours aux médicaments. Cette prise en charge est axée autour d’un parcours de soins coordonné, avec l’intervention de différents professionnels, tels que les orthophonistes, ergothérapeutes, kinésithérapeutes, psychomotriciens psychologues, ainsi que des exercices pour la mémoire et un soutien aux aidants (voir notre article).
De son côté, le président du LEEM (Les entreprises du médicament), Patrick Errard, met en garde contre des « décisions à l'emporte-pièce ». « En enlevant la prise en charge d'un médicament dont l'efficacité pourrait être jugée faible, il ne faut pas que ceci entraîne des reports de prescription sur d'autres molécules dont l'efficacité ne serait pas forcément bien meilleure et la tolérance encore moins bonne », prévient-il.
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