C’EST LA fin d’un long feuilleton à suspens. Après neuf mois d’attente, le décret autorisant un aménagement sur deux ans de la réduction des délais de paiement est enfin paru au « Journal officiel », le 24 septembre. Pas pour tous les médicaments. Conformément à l’accord intervenu entre les syndicats d’officinaux et le LEEM (Les entreprises du médicament), le texte publié concerne en effet les médicaments de prescription médicale facultative non remboursables achetés en direct. Le second accord, relatif aux compléments alimentaires, devrait lui aussi paraître ces jours-ci.
En pratique, les délais de paiement autorisés jusqu’à la fin de l’année pour les spécialités OTC sont de 75 jours fin de mois ; ils passeront l’année prochaine à 60 jours fin de mois, pour arriver au délai légal de 45 jours fin de mois au 1er janvier 2011, comme le prévoit la loi de modernisation de l’économie (LME).
Des contretemps.
Une bonne nouvelle pour les syndicats qui, dès le début, avaient sollicité cet aménagement, dont le principe était d’ailleurs inscrit dans la LME. Car, compte tenu du contexte économique difficile des officines, une réduction brutale des délais de paiement pouvait se révéler fatale pour de nombreux confrères. L’Union nationale des pharmacies de France (UNPF) estimait ainsi que cette mesure « pourrait être à terme l’accélérateur de la chute de 4 000 officines ».
Au lendemain de l’adoption de la LME en août 2008, les organisations syndicales ont donc entamé des négociations avec leurs fournisseurs afin de permettre à la chaîne du médicament de s’adapter progressivement à la loi. Dès décembre 2008, un accord est trouvé avec les industriels. Mais la DGCCRF* peine à donner son feu vert. Et pour corser le tout, le Conseil de la concurrence, chargé d’examiner le dossier, est remplacé par l’Autorité de la concurrence. Petit changement de nom, mais grande conséquence : nous sommes en avril 2009 et la procédure repart de zéro. Deux mois plus tard, l’Autorité de la concurrence rend enfin un avis favorable. Il faudra encore attendre près de trois mois supplémentaires pour voir le décret officialisant l’accord publié.
Un long combat.
« C’est l’aboutissement d’un long combat », commente Philippe Besset, président de la commission Économie de l’officine à la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Satisfait de la publication de cet accord, il regrette toutefois qu’elle intervienne si tardivement. Car l’année 2009 est déjà bien entamée, et les politiques commerciales des laboratoires sont désormais établies. « Il ne reste que 2010 pour retrouver un peu d’oxygène », espère-t-il.
Sentiment partagé par Gilles Bonnefond, président délégué de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). « Les avantages apportés par l’accord vont être limités à un trimestre sur la première année », déplore-t-il. Mais dès 2010, « nous allons pouvoir mettre en place, avec les industriels, de nouvelles méthodes d’approvisionnement et de nouveaux contrats nous permettant de bénéficier de meilleures conditions commerciales et d’offrir aux patients un accès à la médication officinale à des prix corrects », se félicite-t-il tout de même.
Claude Japhet, président de l’UNPF, ne dit pas autre chose. « Enfin ! », lance-t-il. Mais, « malheureusement, nous obtenons gain de cause pratiquement neuf mois après avoir trouvé un accord avec les industriels », ajoute-t-il immédiatement. Le président de l’UNPF espère toutefois que cela permettra aux officinaux de retrouver des conditions de paiement plus proches de l’écoulement des stocks.
Quoi qu’il en soit, la publication de ce décret représente avant tout une bonne nouvelle pour la profession à l’heure où les trésoreries sont au plus mal.
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