DANS le grand bazar des découvertes en tout genre, le hasard tient une place non négligeable. Savez-vous par exemple que la vulcanisation du caoutchouc par l'américain Charles Goodyear est le fruit d’un accident. Par mégarde, il pose un morceau de caoutchouc recouvert de fleur de soufre sur un poêle à charbon. Le produit finit par s'enflammer. Dépité par sa maladresse, il jette le résultat par la fenêtre dans la neige. Au matin, ramassant l'objet, il constate que le matériau possède une grande élasticité. Dans un tout autre domaine, l'aspartame fut, lui aussi, découvert par hasard par un certain Jim Slatters. Le chercheur était en train de développer un nouveau médicament pour traiter les ulcères quand il en fit tomber sur ses mains. En se léchant les doigts pour tourner les pages d'un carnet de notes il découvrait alors l’un des plus prometteurs substituts du sucre. Autre découverte accidentelle qui atterrira dans les cuisines du monde entier, celle du four à micro-ondes. C’est en reprenant son sandwich posé quelques instants près d’un émetteur d’ondes ultracourtes qu’un scientifique américain comprendra les propriétés calorifiques des micro-ondes.
La pharmacologie aussi a son lot de succès fortuits. C’est justement l’objet du dernier ouvrage du Pr Claude Bohuon. Dans « Fabuleux hasards, histoire de la découverte de médicaments » qui vient de paraître aux éditions EDP Sciences, l’auteur raconte ces parcours originaux qui ont contribué aux progrès de la médecine. La surprenante découverte de la pénicilline par Fleming est bien sûr emblématique de la sérendipité (ou exploitation créative de l'imprévu). Mais celles de l’insuline ou du modafinil ne sont pas moins passionnantes à découvrir. L’histoire du lithium médicament ? C'est en consultant les rapports des cliniques au XIXe siècle sur des patients souffrant de la goutte et soignés au sel de lithium, que John Cade découvrit les effets antidépresseurs de l’oligoélément. Le hasard fait bien les choses quand on l’y aide un peu. C’est d’ailleurs ce que rappelait le grand Louis Pasteur en rendant hommage à la persévérance et à l’intuition des chercheurs : « Le hasard ne favorise que des esprits préparés ».
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