LE PATRON DU LEEM, Christian Lajoux, l’avait laissé entendre lors de ses vœux en janvier dernier : le solde positif de la balance commerciale française du médicament a sensiblement baissé entre 2010 et 2011.
Les chiffres sont formels. En 2010, la France avait exporté pour 24,13 milliards d’euros de médicaments. Dans le même temps, elle en avait importé pour 17 milliards d’euros, si bien que, pour l’année 2010, le solde s’établissait à 7,13 milliards d’euros. Un excellent résultat comparé à l’évolution globale des échanges commerciaux hexagonaux pour la même période, qui accusait un déficit de 51 milliards d’euros.
En 2011, la donne a sensiblement changé. Selon les dernières données du LEEM, les exportations de médicaments ont en effet chuté pour atteindre 22,03 milliards d’euros (-9,6 %). Les importations ont également baissé mais dans une moindre mesure (16,7 milliards d’euros, soit - 4 %). L’an dernier, le solde du médicament s’est donc établi à 5,3 milliards d’euros, un résultat en baisse de 26 %. Ces derniers chiffres sont toutefois à manier avec précaution, car ils sont susceptibles de réajustements de dernière minute par les services douaniers de statistiques. En tout état de cause, ils sont inédits. C’est en effet la première fois depuis au moins dix ans que le résultat en valeur de la balance des échanges de médicaments décroît.
Baisse de l’attractivité.
Pour l’économiste de la Santé Claude Le Pen, professeur à l’université Paris-Dauphine, les raisons de cette baisse d’excédent « inédite » sont multiples. Comme le ministère de l’Économie (voir encadré), il note que la France est le premier producteur mondial de vaccins. « L’année 2010 a été forte en matière d’exportation de ces vaccins en raison des alertes sanitaires (sur la grippe AH1N1, NDLR), indique-t-il, il y a donc un repli mécanique en 2011. » Mais l’économiste estime aussi que les baisses de prix des génériques ont pesé dans la balance commerciale en se répercutant mécaniquement sur ventes à l’étranger.
Plus inquiétant, Claude Le Pen souligne que les exportations françaises de médicaments sont souvent « intrafirmes ». C’est-à-dire que tel laboratoire implanté en France vendra ses médicaments à un autre faisant partie du même groupe mais implanté à l’étranger, ce deuxième laboratoire se chargeant à son tour de les revendre aux réseaux de grossistes. Selon l’universitaire, cette situation fait que « les exportations françaises sont dépendantes de l’installation en France de laboratoires pharmaceutiques », ces implantations étant elles-mêmes dépendantes de l’attractivité de la France en la matière. « L’attractivité de la France serait-elle en train de décliner ? » Selon l’économiste, l’affaire Mediator a frappé l’ensemble du secteur pharmaceutique et pas seulement les Laboratoires Servier. « L’effet de culpabilisation a pu décourager les groupes internationaux d’investir en France », avance-t-il.
Enfin, Claude Le Pen rappelle que les secteurs français traditionnellement exportateurs sont l’agroalimentaire et le luxe. « Nous sommes moins performants à l’exportation dans le secteur manufacturier », ajoute-t-il, mais le médicament « reste une exception ». Globalement, avec un solde des échanges de plus de 5 milliards d’euros, « la France reste performante, mais il ne faudrait pas que ce moindre résultat n’annonce un retournement de cycle, car on y perdrait en emplois et en richesse nationale », prédit l’économiste.
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