La crise du Covid-19 a agi comme un révélateur sur les forces et les faiblesses du secteur du médicament en France. Pour Frédéric Collet, président du LEEM, il convient d’insister sur « l’extraordinaire capacité d’adaptation de notre environnement » et des collaborateurs de l’industrie pharmaceutique dans tous les métiers. Cette mobilisation s’est retrouvée dans « l’innovation d’une fertilité incroyable », que ce soit en termes de collaborations peu usuelles ou de digitalisation. Néanmoins, la crise a aussi révélé au grand jour des lacunes, telles que l’absence de protocole de coopération, le manque de coordination européenne, le peu de flexibilité de l’appareil de production et la dépendance sanitaire. C’est dans ce contexte que le LEEM a demandé au cabinet Kearney de plancher sur une question essentielle : comment faire pour garantir les traitements, matures ou innovants, aux patients qui en ont besoin, et cela en toutes circonstances ? Il en ressort un rapport complet et 12 recommandations interdépendantes présentées le 10 septembre.
Champions industriels
« Nous sommes partis des trois objectifs consensuels de l’industrie pharmaceutique : permettre l’accès des traitements aux patients en toutes circonstances, participer à l’efficience et la qualité du système de soins, faire de l’industrie du médicament un contributeur économique et sociétal durable dans tous les territoires », explique Benoit Gougeon, associé du cabinet Kearney. Première recommandation : assurer une autonomie sanitaire stratégique pour garantir l’accès aux médicaments nécessaires en temps de crise. Constatant le peu de ruptures de stock pendant la crise, Benoit Gougeon souligne la forte implication des salariés du secteur qui ont continué à venir travailler pendant le confinement, tout en remarquant que si des pays comme l’Inde n’avaient pas rouvert leurs frontières, des pénuries auraient été inévitables. C’est pourquoi l’autonomie sanitaire est le premier objectif à atteindre. Pour y parvenir, Kearney propose d’actionner les leviers de l’offre (stockage de molécules critiques, capacité de production dédiée et mobilisable) et de la demande (faciliter l’accès à certains médicaments, gestion de données intégrées pour les stocks et leur localisation) au niveau européen.
Parmi les autres recommandations, le cabinet insiste sur l’importance de « faire de l’industrie du médicament en France un leader européen en termes d’innovation et d’industrialisation » parce que garantir l’accès du médicament à tous impose d’avoir « des champions industriels », de renforcer la coopération européenne, ne serait-ce que pour la relocalisation de certains principes actifs et de « développer le capital humain » en revalorisant des filières et en convertissant des compétences. « Ce rapport n’est pas la feuille de route du LEEM, précise Frédéric Collet, mais il vient stimuler notre réflexion et compléter notre plan d’action. »
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