Brûlures, coupures, écorchures sont autant d’accidents de la vie quotidienne qui, la plupart du temps heureusement, font plus de peur que de mal. Leur soin et leur cicatrisation ne sont pas pour autant à négliger. La pharmacie représente un poste avancé pour leur prise en charge.
Quelques définitions
Les éraflures sont le résultat d’un frottement de la peau sur une face lisse ou rugueuse.
Les échardes sont des petits éclats de bois coincés sous la peau. Elles sont très douloureuses et peuvent s’infecter facilement.
La brûlure thermique est une plaie particulière, due à une exposition thermique à une flamme, un liquide chaud, une explosion. Le premier degré atteint les couches superficielles de l’épiderme (léger coup de soleil par exemple). Le deuxième degré superficiel touche l’épiderme et s’accompagne de phlyctènes. Il cicatrise en trois semaines environ. Il est à distinguer du deuxième degré profond, plus grave, qui touche l’épiderme et le derme et présente un aspect plus blanc et plus cartonneux.
L’exsudat est un liquide libéré dans la plaie par extravasation. Il comporte en proportions variables des globules rouges, des plaquettes, des polynucléaires neutrophiles, des électrolytes, des facteurs de croissance et des enzymes protéolytiques de type collagénase, élastase, lysosyme.
Un peu de physiopathologie
La cicatrisation d’une plaie passe par plusieurs stades avant de donner une cicatrice définitive. Dès l’apparition de la plaie, l’augmentation de la perméabilité vasculaire et l’exsudation plasmatique entraînent une cascade de phénomènes inflammatoires associant érythème, œdème, douleur, chaleur. Des dépôts de fibrine et de caillot couvrent alors le fond de la plaie. La phase inflammatoire débute entre la 12e et la 24e heure et dure entre 3 et 6 jours. Les neutrophiles s’infiltrent pour lutter contre l’infection locale, suivis des macrophages et lymphocytes qui vont éliminer les tissus morts, les microparticules étrangères, les bactéries. La phase de bourgeonnement peut durer jusqu’à trois semaines. Les fibroblastes (producteurs du collagène et de l’élastine) et les précurseurs de kératinocytes se multiplient à partir des berges de la plaie. Les myofibroblastes présents dans le tissu de bourgeonnement jouent un rôle majeur dans la fermeture de la plaie. Dans la phase d’épidermisation, les kératinocytes se multiplient et migrent vers le tissu de bourgeonnement. Le remodelage tissulaire peut alors durer plusieurs mois.
Les mots du conseil
« Êtes-vous vacciné contre le tétanos ? »
Chaque demande de conseil pour une plaie est l’occasion pour le pharmacien de rappeler l’importance de la vaccination du tétanos. On estime que la moitié de la population adulte n’a pas effectué ses rappels et encourt donc un risque. Entre 2005 et 2007, 41 cas de tétanos ont été déclarés en France, entraînant 13 décès.
Les gestes à faire sur une petite plaie simple.
En premier lieu, il faudra si possible comprimer la plaie pour stopper l’hémorragie, à l’aide d’une compresse stérile ou d’un linge propre. Selon le type de plaie, il est possible d’utiliser de l’eau oxygénée pour son action hémostatique. Pour éviter des surprises, prévenir la personne blessée de l’effet moussant qu’aura l’eau oxygénée au contact de la plaie. Un hémostatique sous forme de pansement (Stop-Hémo, Nexcare blood stop), de tampon (Coalgan) ou d’éponge (Bloxang) peut également être utilisé.
Nettoyer la plaie à l’eau et au savon permet d’éliminer les débris et les souillures.
L’utilisation d’un antiseptique permet ensuite de protéger la plaie d’une éventuelle infection. Après ces gestes, on peut procéder à la pose d’un pansement occlusif ou semi-occlusif. Conseiller la prise d’un antalgique si besoin.
Pour les petites coupures qui ne nécessitent pas de suture mais dont il faut rapprocher les berges, des sutures de type Urgostrips ou Stéristrips, peuvent être préconisées. Il est important de bien expliquer comment les poser : après avoir stoppé l’hémorragie, désinfecté la plaie et tout en rapprochant les berges, apposer la première bande au milieu de la coupure, puis renouveler l’opération sur les demi-bandes restantes et ainsi de suite, renforcer par des strips transversaux si besoin puis recouvrir d’un pansement.
Dans le cas d’une écharde, la retirer à l’aide d’une pince à épiler préalablement désinfectée à l’alcool. En cas de difficulté, tremper la zone atteinte dans l’eau chaude pendant 20 minutes peut faciliter le retrait de l’écharde.
Plaie sèche ou plaie humide ?
La croûte formée par dessèchement de la plaie n’est pas aussi bénéfique qu’on l’a cru pendant longtemps. En effet, elle empêche la migration cellulaire des facteurs de croissance et des médiateurs chimiotactiques, ralentissant ainsi la cicatrisation et favorisant l’infection. De plus, le retrait d’un pansement sec, même en l’imprégnant de sérum physiologique, risque d’ouvrir la plaie à nouveau. Lorsque la plaie est très superficielle, le séchage à l’air libre ou la mise en place d’un pansement sec ne pose toutefois pas de problème. Lorsque la plaie est plus étendue ou un peu plus profonde, même si elle est sèche, il est conseillé d’appliquer un pansement humide pour permettre l’accélération de la cicatrisation. Les principaux critères à maîtriser pour gérer au mieux la cicatrisation sont les suivants : une absorption suffisante de l’exsudat pour éviter la macération, une lutte contre une surinfection, le maintien d’un milieu occlusif ou semi-occlusif si besoin.
Conseils à propos des antiseptiques
Les antiseptiques pouvant être inactivés par les matières organiques telles que le pus ou le sang, un nettoyage de la plaie suivi d’un séchage est indispensable avant l’application de l’antiseptique.
Il est recommandé de ne pas utiliser deux antiseptiques différents lors de la désinfection d’une plaie.
Chez l’enfant, utiliser un antiseptique sans alcool pour éviter que ça pique.
Attention à la durée de conservation du flacon (8 à 10 jours en moyenne : noter sur le flacon la date d’ouverture) et à éviter la contamination de celui-ci en évitant tout contact avec la plaie. Les unidoses stériles sont à utiliser préférentiellement pour éviter tout risque. Rappeler au malade qu’elles sont à jeter après utilisation.
Dans le cas d’une brûlure
Le fait d’exposer immédiatement une brûlure à l’eau froide pendant plusieurs minutes permet de prévenir l’aggravation des lésions en profondeur. Pour prévenir l’aggravation des lésions en profondeur, il est conseillé de refroidir la brûlure pendant 10 minutes à 19 degrés selon la Commission de Prévention de la Société Française d'Études et Traitement des Brûlures. Ce refroidissement est nommé cooling. Le fait d’appliquer ensuite un topique local (de type Biafine, Osmosoft brûlures, Urgo brûlures) ou un pansement spécifique apporte un confort immédiat.
Les « petits plus »
Lorsqu’une personne blessée vient chercher le matériel nécessaire aux soins d’une plaie ou d’une brûlure, garder en tête que quelques jours plus tard, c’est une cicatrice qu’elle présentera : lui rappeler que cette cicatrice devra être protégée du soleil par une crème possédant l’indice de protection maximal.
Pour accompagner le phénomène naturel de cicatrisation, il est aussi possible de conseiller une crème qui aide à réparer : Cicaplast (La Roche-Posay), Épithéliale AH (A-Derma), Cicalfate (Avène), Cicactive (Uriage), Jonctum…
Les produits-conseils
Quel antiseptique choisir ?
Les dérivés chlorés (Dakin, Amukine) ont un spectre d’activité étendu : bactéries, champignons, virus, spores. Ils agissent rapidement mais leur activité dépend du pH, des matières organiques, du savon… Attention aussi aux irritations.
La polyvidone iodée est très efficace, mais possède de nombreuses contre-indications (intolérance, grossesse, allaitement, nouveau-né) et précautions d’emploi (problèmes thyroïdiens, nourrisson…).
La chlorhexidine est principalement bactéricide. Son action est potentialisée avec les ammoniums quaternaires et l’alcool. Elle est de façon générale bien tolérée.
Le spectre d’activité des ammoniums quaternaires et de l’hexamidine est plus limité. Ils sont à réserver à des indications autres que l’antisepsie des plaies.
Les critères du pansement idéal.
On attribue au pansement idéal les propriétés suivantes : il facilite les échanges gazeux, il absorbe l’exsudat en excès, il favorise un milieu humide idéal à la cicatrisation, il protège la plaie d’une infection extérieure, il maintient une température idéale en augmentant la température au niveau de la plaie, il n’adhère pas à la plaie et il est confortable pour le malade, il se retire facilement, il permet de surveiller la plaie.
« Je panse donc j’essuie »*
Les simples petits bobos de la vie quotidienne exigent surtout des pansements qui s’adaptent aux activités quotidiennes ! Ainsi, les baigneurs chercheront des pansements imperméables à l’eau de type Urgo waterproof, Nexcare protect strip… Les enfants réclameront des pansements colorés (Urgo enfants, Tricostéril Les Câlins, Nexcare protect strips tattoo, Nexcare sensitive kids…). Qui n’a pas connu les pansements situés au niveau des articulations et qui se décollent au moindre mouvement ? Désormais, des efforts sont faits pour améliorer le confort et les marques sont de plus en plus innovantes. Ainsi par exemple, Nexcare a conçu toute une gamme de pansements protection 360° : dotés d’une surface adhésive repositionnable et plus large sur les côtés, ils s’adaptent à toutes les zones du corps. De même, les pansements Urgo extensible, adhésifs sur les quatre côtés sont adaptés aux zones en mouvement. Tricostéril doigts adopte une forme particulière pour les doigts. Les pansements liquides sont appréciés pour leur côté pratique. Les pansements sous forme de spray (Tricostéril pansement spray, Nexcare protector spray, Urgo blessures superficielles spray) présentent l’avantage de pouvoir être appliqués même sur les zones difficiles (coudes, genoux, doigts) mais la présence d’alcools et dérivés les rend irritants et leur utilisation doit être restreinte aux petites coupures ou égratignures. Pour les petites plaies du visage, les pansements transparents sont les plus recherchés : Urgo discret, Tricostéril Protect plus transparent… Pour réduire le risque d’infection, Urgo a introduit l’argent dans ses pansements (Urgo technologie argent).
Pour une plaie superficielle plus exsudative, il est possible de proposer un pansement gras à base de tulle : Tulle gras (vaseline), Biogaze, Jelonet (paraffine), Urgo brûlures (vaseline + hydrocolloïde)... Leur pose et leur retrait sont faciles mais un tulle nécessite d’être recouvert d’un deuxième pansement car l’exsudat traverse le tulle jusqu’à la compresse hydrophile. Les pansements à base d’hydrogel (Tricostéril hydrogel, Cicaléine hydrogel), occlusifs, semi-perméables et transparents, peuvent aussi bien être utilisés dans les plaies un peu exsudatives que dans les plaies sèches : ils possèdent la propriété d’hydrater celles-ci.
Pour panser les brûlures, il existe un large choix de pansements. Le Tulle gras se découpe en fonction de la taille de la brûlure. Il s’applique sur celle-ci et se recouvre d’un deuxième pansement. Pour éviter le desséchement, il doit être changé tous les jours ou tous les deux jours. Les pansements hydrocolloïdes et lipidocolloïdes peuvent se changer moins régulièrement.
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