Des experts de la question à la ministre de la Santé, tous ne cessent de le répéter. « L’autotest VIH est une solution de dépistage supplémentaire qui ne se substitue pas aux autres moyens de dépistages existants, et qui ne se substitue surtout pas au préservatif, seul moyen de se protéger du sida », martèle ainsi Marisol Touraine. « Le but du dépistage est de permettre la mise en place d’un traitement par antirétroviraux avant l’apparition des symptômes, car trop de diagnostics sont tardifs, des personnes sont détectées avec un sida déjà avancé, c’est une perte de chance », souligne Gilles Pialoux, chef de service des maladies infectieuses et tropicales à l’hôpital Tenon, à Paris, et vice-président de la Société française de lutte contre le sida (SFLS).
Les autotests du VIH ne sont pas une nouveauté en soi puisqu’ils sont déjà commercialisés dans d’autres pays. Selon Thierry Prazuck, chef de service des maladies infectieuses et tropicales du CHR d’Orléans, il était possible de s’en procurer assez facilement sur Internet dès 1998. Le problème était d’abord leur fiabilité relative et leur lisibilité difficile. Des études comparatives ont mis en évidence la nette supériorité des tests sanguins sur les tests salivaires. Une fois fabriqué, l’autotest VIH de la société AAZ a été testé pour sa praticabilité et sa lisibilité, avec succès, auprès de 260 usagers. Après obtention du marquage CE, 80 000 autotests sont disponibles dans les officines françaises qui en ont fait la demande auprès du Laboratoire Mylan, chargé de la commercialisation. Depuis des mois, afin d’être prêts pour cette dispensation particulière, les pharmaciens se forment, avec l’aide de leur groupement, de leur grossiste-répartiteur ou des UTIP. Un kit de formation a également été créé par un groupe de médecins et de pharmaciens de la SFLS. Disponible en ligne, ce kit comprend un guide pratique sur l’utilisation de l’autotest VIH et un volet sur la prise en charge à l’officine des personnes vivant avec le VIH.
En libre accès ?
« À cela s’ajoutent des outils de formation des pharmaciens d’officine réalisés avec le CESPHARM : une fiche pratique intitulée Accompagner la dispensation d’un autotest de dépistage du VIH, disponible sur le site du CESPHARM ; et un module d’e-learning sur la dispensation de l’autotest VIH à l’officine disponible gratuitement sur le site maformationofficinale.com », indique Anne Simon, présidente de la SFLS. Les usagers peuvent également appeler la ligne de Sida Info Service au 0 800 840 800, numéro qui est rappelé sur l’emballage et la notice de l’autotest.
« Cette offre de dépistage complémentaire doit être facile, confidentielle et accompagnée, elle peut s’appuyer sur les 22 000 officines harmonieusement réparties, disponibles sept jours sur sept et 24 heures sur 24, sans rendez-vous », remarque Alain Delgutte, président de la section A du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens. En délivrant l’Autotest VIH, le pharmacien remettra une boîte à aiguilles dans laquelle l’usager jettera l’autopiqueur avant de la rapporter en pharmacie.
La ministre de la Santé a rappelé lundi que l’Autotest VIH est « disponible derrière le comptoir ; seul le pharmacien peut le remettre à l’usager, avec les conseils adaptés ». Il semblerait cependant que ses services réfléchissent à la possibilité de le mettre à disposition en libre accès. Le projet de loi de modernisation du système de Santé, actuellement examiné par le Sénat, prévoit également la mise à disposition gracieuse des autotests VIH dans les associations spécialisées. Enfin, la ministre a demandé qu’une évaluation scientifique soit réalisée dans le cadre de la mise à disposition des autotests en France, sous l’égide de l’Agence nationale de recherche sur le sida.
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