En Europe, 33 000 personnes meurent chaque année d’infections résistantes aux antibiotiques, soit autant que la grippe, la tuberculose et le Sida combinés. Il y a urgence à réagir car le phénomène d’antibiorésistance ne cesse de s’amplifier et, depuis 20 ans, aucun antibiotique à nouveau mécanisme d‘action n’a été mis au point.
En France, après quelques années de baisse, la consommation d’antibiotiques en santé humaine ne diminue plus. Certains succès ont été enregistrés (pneumocoques, Staphylococcus aureus résistant la méticilline ou SARM) mais l’augmentation des entérobactéries résistantes constitue un défi pour l’avenir. « En santé animale, la consommation d’antibiotiques a bien baissé, en particulier pour les fluoroquinolones (- 87 %) et les céphalosporines de 3e génération qui sélectionnent le plus de bactéries résistantes (- 94 %), mais le secteur agroalimentaire partait de loin », explique le Pr France Roblot, chef de l’unité Maladies infectieuses et tropicales du CHU de Poitiers.
Mieux et moins
« Les bactéries sont des organismes vivants qui évoluent en permanence et s’organisent pour échapper à l’action des antibiotiques. Mais on peut lutter contre l’antibiorésistance en améliorant l’hygiène, notamment des mains, et pas seulement à l’hôpital, en vaccinant davantage, en utilisant mieux les antibiotiques et en recourant moins aux plus récents. C’est un ensemble. » Pour faire bouger les choses, l’information est primordiale mais « il ne se passe pas grand-chose depuis la campagne efficace de 2002 Les antibiotiques c’est pas automatique, regrette le Pr Roblot. Le slogan de celle de 2011, Les antibiotiques, utilisés à tort ils deviendront moins forts, n’a pas marché ». De fait, comme le montre le récent sondage IFOP/Pfizer*, le fléau de l’antibiorésistance reste méconnu des Français : 65 % des personnes interrogées en ont déjà entendu parler et seulement 40 % d’entre elles voient précisément de quoi il s’agit. Autres chiffres inquiétants : 41 % prennent régulièrement leur traitement pendant une durée inférieure à celle prescrite, les moins de 35 ans étant les moins observants (58 %) ; 6 Français sur 10 conservent dans leur armoire à pharmacie des antibiotiques non utilisés et ont tendance à s’automédiquer ; 42 % des sondés pensent encore qu’il faut prendre des antibiotiques pour soigner une grippe et 58 % pour une angine. Pour Le Pr Roblot, « la réalisation prochaine de TROD angine en pharmacie est donc une bonne chose. Elle devrait contribuer à réduire le recours anormal aux antibiotiques et, partant, l’antibiorésistance ».
* Enquête IFOP/Pfizer « Les Français, les antibiotiques et l’antibiorésistance », réalisée en septembre 2019 auprès de 1 000 personnes représentatives.
D'après une conférence de presse de Pfizer
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