À la mi-août, la lettre d’orientation adressée au Comité économique des produits de santé (CEPS) par le ministère de la Santé et Bercy provoque la colère des syndicats. Ce courrier demande en effet au CEPS de baisser les prix des médicaments déjà disponibles dans le panier de soins afin de financer l’innovation.
Il propose également l’application de décotes plus importantes sur les génériques, qui s’élèvent déjà à au moins 60 % du prix du princeps. Mais surtout, il vise, à terme, une convergence des prix entre princeps et génériques. Depuis 2013, les baisses de prix cumulées sur les génériques ont atteint 700 millions d’euros, relève Erick Roche, président du GEMME. Aujourd’hui, le prix net moyen d’une spécialité générique s’élève à 2,60 euros (3,98 euros avec les remises).
« Le réseau ne peut plus supporter ces baisses de prix, affirme Philippe Besset, vice-président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Jusqu’à présent, le prix de l’innovation est payé par des baisses de prix sur les médicaments anciens, qui ont plus de 10 ans de maturité. Pour les pharmaciens d’officine, ce mécanisme est une catastrophe, d’autant que les produits innovants ne sont généralement pas dispensés en ville. En fait, on paye l’innovation avec notre marge. C’est insupportable. » « On ne peut pas financer toute l’innovation en tapant sur le répertoire », estime également le président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), Gilles Bonnefond.
Plus de 700 millions d'euros de baisses de prix
Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2017 enfonce encore un peu plus le clou. Ce PLFSS prévoit en effet de nouveaux efforts sur les produits de santé. Sur les quelque 4 milliards d’euros d’économies demandées à la branche maladie, plus de 1,4 milliard concerne les médicaments et les dispositifs médicaux. 500 millions d’euros seront ainsi dégagés par des baisses de prix sur les spécialités et 90 millions par des réductions tarifaires sur les dispositifs médicaux. La promotion et le développement des génériques doivent, elles, rapporter 340 millions d’euros à l’assurance maladie. Mais lors d’une réunion du Comité de suivi des génériques qui s’est tenue début décembre, le Comité économique des produits de santé (CEPS) annonce que sur les 340 millions d’euros d’économies prévues, 210 millions d’euros seront réalisés grâce à des mesures de baisse de prix sur les génériques.
Gilles Bonnefond dénonce le fait que plus de la moitié des économies attendues soit portée par l’officine. Le président de l'USPO, qui avait demandé un rééquilibrage des mesures entre les différents acteurs du générique, regrette de ne pas avoir été entendu. Selon lui, les conclusions rendues par le CEPS, quelques jours après la réunion du Comité de suivi des génériques, aggravent même la situation. La FSPF évalue le coût total pour l’officine des nouvelles dispositions entre 120 et 140 millions d’euros.
Près de 200 millions d'euros sur les dispositifs médicaux
Le coup est d’autant plus rude que ces baisses de prix sur les médicaments et les génériques viennent s’ajouter aux révisions tarifaires visant les dispositifs médicaux. Les 90 millions d’euros prévus dans le PLFSS 2017 s’additionnent aux 95 millions d’euros envisagés pour l’année 2016. Certes, un premier projet tablait sur 200 millions d’euros d’économies. Mais les officinaux ne sont pas pour autant satisfaits de l’arbitrage des pouvoirs publics qui, selon Philippe Gaertner, pénalise lourdement l’officine. « Les produits les plus fortement touchés par les baisses de prix sont ceux qui sont majoritairement dispensés en pharmacie, avec des baisses allant de 3 à 5 % », explique le président de la FSPF.
Dans ce contexte de pression permanente sur les prix, Philippe Gaertner juge absolument nécessaire de « poursuivre la mutation de la rémunération en la détachant encore plus des prix ». Mais aussi de chercher de nouvelles sources de rémunération. « Même si le médicament reste l’essence même de la pharmacie d’officine, d’autres éléments doivent être développés, tels les services, l’observance et l’accompagnement des patients », indique le président de la FSPF. « Notre avenir se trouve dans les services, les honoraires. Certes, il faut aussi rester le spécialiste du médicament, mais pas seulement », estime Jean-Luc Fournival, président de l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF). « Il faut nous donner les moyens d’être des acteurs de la prévention », lance de son côté Gilles Bonnefond.
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