En 2013, près de 120 000 patients faisaient l’objet d’une oxygénothérapie à domicile afin de compenser le manque d’oxygène dans le sang lié à la présence d’une insuffisance respiratoire chronique. Pour la plupart d’entre eux, il s’agissait d’un protocole d’administration à long terme, supérieur ou égal à 15 heures par jour ou réservé à une déambulation exclusive.
Indiqué en cas d’insuffisance respiratoire chronique, le traitement est prescrit par un pneumologue à des patients souffrant principalement de BPCO (bronchopneumopathie chronique obstructive) qui en est la première indication, d’une pneumopathie interstitielle évoluée vers la fibrose, d’une hypertension artérielle pulmonaire et en cas de mucoviscidose évoluée, lorsque la mesure de la pression partielle du sang artériel en oxygène est inférieure à 60 mm de mercure (hypoxémie chronique).
L’oxygénothérapie de déambulation exclusive, pour sa part, est indiquée chez les patients insuffisants respiratoires ne nécessitant pas d’oxygène à long terme, mais qui présentent une désaturation à l’effort limitant leurs performances à l’exercice.
Pour tous ces profils, la dispensation d’oxygène repose sur deux éléments principaux : d’une part, des appareils voués à concentrer ou extraire l’oxygène à partir de l’air ambiant grâce à un dispositif médical qui retient l’azote. Ces concentrateurs, qui nécessitent un simple branchement sur une prise électrique, se présentent sous la forme d’un petit meuble sur roulette, mais il existe aussi des dispositifs mobiles, portables dans un sac ou transportables sur un chariot. En complément du concentrateur, des bouteilles d’oxygène comprimé peuvent contenir jusqu’à 15 litres de gaz.
’autre part, l’oxygène peut être conditionné sous forme liquide maintenue à -183 °C sous vide à faible pression, ce qui permet de stocker une grande quantité pour un faible volume (1 litre de liquide libère 860 litres de gaz). L’appareil est composé d’un réservoir fixe de 30 à 40 litres et d’un réservoir portable qui offre une autonomie de plusieurs heures pour permettre au patient de déambuler.
Avantage à l’alternatif
L’avenir devrait toutefois voir le développement des dispositifs alternatifs à l’oxygène liquide, des concentrateurs portables désignés comme l’appareillage à privilégier pour permettre une économie de 20 millions d’euros dans les dépenses liées à l’oxygénothérapie d’ici à la fin 2016. Défini dans le cadre de la régulation économique touchant les dispositifs médicaux et les prestations, l’objectif recherché est de limiter à 35 000 le nombre des patients sous oxygène liquide avec une économie attendue de 1 660 euros par an pour chaque personne traitée par oxygénothérapie.
« L’oxygène liquide est un des traitements historiques de l’oxygénothérapie à domicile, explique Philippe Carrier, vice président du groupe Respiration à domicile du SNITEM*. Il est généralement administré aux personnes mobiles, soit la moitié de la population des patients. » Mais l’oxygène liquide a un coût, lié à la production du gaz et au circuit logistique qu’il mobilise (livraison du gazier au prestataire qui alimente le réservoir chez le patient tous les 10 jours).
« Beaucoup moins onéreux puisqu’ils fonctionnent à partir de l’air ambiant, les concentrateurs sont amenés à se développer principalement sous une forme miniature. Grâce aux avancées en matière de compresseurs, de tamis et de batteries, on a conçu des modèles réduits et portables, de 2 à 5 kg et de 5 à 8 kg, dotés d’une autonomie de 3 à 10 heures. » Les grands fabricants de matériel d’oxygénothérapie - Philips Healthcare, Invacare, DeVilbiss… - devraient accorder sous peu toute leur attention à ces nouveaux systèmes qui, en 2013, représentaient déjà 3 % des montants remboursés pour l’oxygénothérapie.
Pour les prestataires (SOS Oxygène, Isis Medical, IP Santé, ou encore les filiales de l’Air Liquide, de Linde, de Vivisol France…), chargés de l’approvisionnement, de l’installation des appareils et de l’accompagnement des patients à domicile, la promotion des concentrateurs portables n’est pas sans conséquences. « Notre cible de patients, essentiellement sous oxygène liquide, va passer de 50 % à 35 % ce qui implique un changement dans l’organisation du travail : la fréquence des visites au domicile (plusieurs fois par mois pour l’oxygène liquide) ne sera pas la même et les tâches (remplissage, nettoyage des cuves) n’auront plus lieu d’être pour les nouveaux dispositifs, remarque Jean-Philippe Alosi, délégué général de la Fédération des prestataires de santé à domicile. C’est une mutation de la profession qui touchera aussi le patient dans son rapport au traitement. »
Une évolution qui a toutefois été anticipée et qui comporte plusieurs aspects positifs. « Cela représente une ouverture sur le segment de la déambulation avec d’autres missions - suivi des installations, éducation du patient à un appareil différent - largement aussi intéressantes. Au niveau de la rentabilité, les perspectives ne sont pas forcément négatives car les forfaits liés à l’oxygène liquide, bien qu’assez élevés, impliquent aussi de lourdes charges logistiques. »
Quelle qu’elle soit, la mutation sera accentuée par la révision (arrêté du 16/07/2015) des bonnes pratiques de dispensation à domicile de l’oxygène à usage médical (BPDO) qui n’avaient pas été modifiées depuis novembre 2000. « Les changements portent principalement sur l’obligation de visite au patient, le temps de présence du pharmacien chez le prestataire et sa zone d’action. Ils s’inscrivent dans la continuité des pratiques existantes. »
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