EN DÉCEMBRE dernier, l’éco-organisme DASTRI se voyait confier, par les ministères de l’Intérieur, de la Santé et de l’Écologie, la mission de coordonner la collecte et le traitement des déchets d’activité de soins à risque infectieux perforants, produits par les patients en autotraitement (diabétiques pour la plupart). Une grande avancée dans la gestion de ces DASRI qui, jusqu’ici, souffraient de l’absence d’organisation au niveau national, faisant essentiellement l’objet d’initiatives indépendantes et localisées. Différentes solutions de récupération des déchets ont donc vu le jour, généralement organisées et financées par les collectivités locales en collaboration avec des officines chargées de collecter les déchets. En témoignent, par exemple, deux communes des Hautes Pyrénées qui ont instauré un système de collecte des déchets coupants et piquants via leurs officines. Celles-ci remettent gratuitement aux patients traités par injection des collecteurs destinés à recueillir les seringues usagées, contenants qui seront renouvelés une fois rapportés à la déchetterie voisine. Des initiatives sont également prises, côté industriels, pour limiter la manipulation du matériel piquant. Bayer Healthcare, dans le cadre du traitement de la sclérose en plaques, a ainsi mis à disposition des patients un destructeur d’aiguilles. Merck Serono, propose au même type de patients un service de collecte des déchets liés à l’administration de traitement en stylos préremplis. Après inscription, une société spécialisée prend rendez-vous tous les trois mois avec le malade afin de passer à domicile collecter les conteneurs de DASRI.
La France (métropole et DOM) compte ainsi plus de 5 700 points de collecte couvrant 96 % du territoire. Tous ces systèmes sont appelés aujourd’hui à être coordonnés afin que l’ensemble du gisement, difficilement évalué à 360 tonnes pour les seuls « piquants, coupants, tranchants » (PCT) produits par les patients en autotraitement (PAT), soit rapidement éliminé. « C’est une infime partie du total des DASRI dont la production annuelle atteint 163 000 tonnes, précise Laurence Bouret, déléguée générale de l’association DASTRI. Ils sont essentiellement composés des DASRI issus des établissements de santé, mais aussi des déchets médicaux diffus qui découlent de la pratique médicale des professionnels libéraux de santé. » Soit tous les déchets produits par les activités de diagnostic, de suivi et de traitement préventif, curatif ou palliatif dans les domaines de la médecine humaine et vétérinaire. Si, pour l’éco-organisme, l’organisation de la filière se borne au gisement des perforants, il s’agit tout de même de mettre en place un maillage national qui impose un point de collecte pour 50 000 habitants effectifs tous les 15 km. « Nous nous appuyons en premier lieu sur les dispositifs existants, soit 5 700 points de collecte auxquels nous proposons de rejoindre la filière nationale. »
Distributeur et point de collecte.
Dans ce maillage, environ 22 000 officines qui peuvent, depuis le 29 mai pour la métropole – les pharmacies d’outre mer étant en fonction depuis le 17 mai – commander gratuitement leurs boîtes à aiguilles (BAA). Nulle dépense à prévoir pour le titulaire, la filière étant financée entièrement par les producteurs de médicaments et de dispositifs médicaux qui ne répercutent pas le coût de l’opération sur les prix de vente des produits.
Les petits collecteurs en carton seront livrés à raison d’une unité par demande, chacune comprenant 60 boîtes d’un litre et 30 boîtes de deux litres. Une plate-forme Web a été créée pour enregistrer les commandes, son adresse, ainsi qu’un numéro de téléphone dédié aux questions des pharmaciens leur ayant été communiqués par courrier. « Nous prévoyons un délai de livraison d’au maximum 3 semaines pour faire face au pic de commande du mois de juin. Cela dit, en temps normal, ce délai ne devrait pas excéder 72 heures », tempère Laurence Bouret.
Dans ce cadre, le rôle du pharmacien peut potentiellement dépasser la simple fonction commande/stockage des boîtes vides. Outre la distribution gratuite des collecteurs aux patients, l’officine peut, sur la base du volontariat, devenir un point de collecte des DASRI. Deux conditions à cela : qu’elle ait été déclarée à l’agence régionale de santé et qu’elle ait été opérationnelle à la date d’agrément de l’éco-organisme, soit décembre 2012. Les textes prévoient un minimum de 5 000 points de collecte sur l’ensemble du territoire national. Une pharmacie pourra cependant être enrôlée d’office et obligée, par arrêté préfectoral, à collecter les boîtes de déchets, dans le cas où le dispositif de collecte de proximité n’aura pas pu être mis en place sur son territoire dans les délais impartis (octobre 2013). Enfin, « l’officine peut aussi être un relais d’information vis-à-vis des patients. Le dialogue avec le pharmacien nous paraît une composante essentielle du dispositif, qui a d’abord été conçu dans l’intérêt des patients ». Acteurs incontournables du dispositif, ces derniers n’auront, pour leur part, qu’à se voir remettre gratuitement une boîte à aiguilles sur présentation de leur ordonnance et la rapporter à un point de collecte. Dès le mois de septembre, l’éco-organisme devra avoir atteint son objectif, c’est-à-dire l’organisation de la filière DASRI « piquants, coupants, tranchants » sur tout le territoire. Sa mission, pour autant, ne devrait pas s’arrêter là, puisque DASTRI a également l’obligation d’accueillir tous les contenants non normés fournis par les patients et ce durant toute l’année 2013. Afin de circonscrire la démarche dans le temps, une opération de déstockage de ces collecteurs pourrait être lancée après concertation avec les gestionnaires de dispositifs des territoires concernés.
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