Une réunion s'est tenue le 7 février à l'initiative de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) au sujet des respirateurs Philips pour les patients souffrant d'apnée du sommeil. Défectueux, ces appareils ont commencé à être rappelés par le fabricant il y a déjà 7 mois, mais à ce jour très peu d'entre eux ont effectivement été retirés.
« C’est un scandale sanitaire qu’on étouffe pour des raisons financières. Philips deviendra le Médiator de la respiration. » Ces mots très forts sont ceux de Christian Trouchot, président de l'Association des insuffisants respiratoires et des apnéiques du sommeil. Interrogé par « RMC », il dénonce l'attitude du fabricant néerlandais au sujet de ses respirateurs. Toujours au micro de « RMC », un patient chez qui l'on a récemment diagnostiqué un cancer des ganglions s'interroge en effet sur le lien entre sa maladie et le respirateur Philips. « J'ai appris par hasard qu'il y avait une campagne de rappel de mon appareil d'apnée du sommeil, explique-t-il. Je souhaiterais savoir pourquoi je n'ai pas été contacté depuis le mois de mai par Philips. Je n'ai reçu aucune lettre. Pourquoi ne m'a-t-on pas prévenu ? » Alors que le produit peut être délivré en officine, « aucune communication spécifique n'a été faite en direction des pharmaciens », observe également Pierre-Olivier Variot, président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine.
Retour en arrière. En juin dernier, Philips commence à retirer du marché des respirateurs défectueux, fabriqués avant le 26 avril 2021. En cause, une mousse insonorisante qui, en se dégradant, se transforme en petites particules qui peuvent irriter les voix nasales et dégager des gaz toxiques potentiellement cancérigènes. Pas moins de 5 millions d'appareils doivent être rappelés dans le monde, dont 370 000 en France. Sept mois plus tard, seulement 25 000 machines auraient été retirées dans l'Hexagone. « Que ces rappels prennent autant de temps, oui, cela nous inquiète, explique Gérard Raymond, président de France assos santé. Philips n'a pas remplacé tous les appareils. Ni les prestataires, ni les pneumologues n'ont informé les patients. Il y a eu un certain laxisme et on peut se féliciter qu'une réunion ait enfin eu lieu sur ce sujet. » Organisée par l'ANSM le 7 février, la réunion en question avait notamment pour but de mettre un coup de pression au fabricant qui avait affirmé que tous les appareils ne pourraient pas être remplacés avant la fin de l'année.
Si Gérard Raymond rappelle qu'il n'est pas possible aujourd'hui de prouver un lien direct entre l'appareil et un cancer, il estime cependant que les alertes de l'ANSM étaient largement suffisantes pour inciter fabricant, prescripteurs et prestataires à plus de réactivité. En novembre 2021, l'agence sanitaire a en effet rappelé aux pneumologues qu'ils devaient « prendre contact avec les patients afin d’organiser le remplacement des équipements concernés », et aux prestataires de santé « d’informer les patients de la situation puis, en fonction de la disponibilité du matériel, d’initier la démarche de remplacement ou réparation des équipements ».
Alors qu'elle estimait un tel travail impossible jusqu'à présent, l'ANSM semble désormais avoir l'intention de « lancer une étude qui pourrait permettre d'évaluer le nombre d'utilisateurs ayant développé un cancer, en se basant sur les données de l'assurance-maladie », précise Gérard Raymond. Pour le président de France assos santé, « le plus important est que des informations claires soient données aux patients ». L'ANSM n'évoque pas de risques cancérigènes dans son dernier avis consacré aux respirateurs Philips. Elle préconise toujours aux patients « de ne pas arrêter le traitement, quel que soit le type d’appareil utilisé ».
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