EN AVRIL dernier, une étude sectorielle des « Échos » faisait état d’un retour à la croissance en 2012 pour le marché des compléments alimentaires, qui conserve cette bonne orientation en 2013, en particulier dans le circuit officinal et pour les références positionnées santé. Une étude suivie par une autre, en mai, cette fois réalisée par le groupe Xerfi, qui prédit un léger recul en 2013 et un rebond modeste en 2014 et 2015. Les deux enquêtes relèvent néanmoins le durcissement de la réglementation et la saturation de l’offre, mais aussi le positionnement incontournable des pharmacies malgré la multiplication des circuits de distribution.
« Une réglementation doit reposer sur du bon sens, être dans l’intérêt des consommateurs et résulter d’un travail conjoint des autorités et des professionnels. Cela n’a pas été le cas. C’est pourquoi l’une des ambitions de l’EHPM est de rétablir des ponts pour une meilleure concertation avec l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), le Parlement européen, etc. », explique Alban Maggiar, nouveau président de l’European Health Products Manufacturers. Si la réglementation sur les allégations est loin de satisfaire les fabricants, celle concernant les plantes n’est toujours pas parue. En août 2012, la Commission européenne a présenté deux options. La première exclut toutes les allégations relatives aux plantes car elle ne prendrait pas en compte leur usage traditionnel et impose une méthodologie de preuve propre aux médicaments. La seconde prend en compte l’usage traditionnel des plantes et permet la création d’un cadre réglementaire européen spécifique aux compléments alimentaires à base de plantes. « Nous parlons même maintenant d’une option 2B qui inclut des critères de qualité. La France s’est prononcée en faveur de cette option, tout comme la Belgique, l’Italie, l’Espagne et la République Tchèque, mais nous ne sommes pas tous d’accord. »
Confusion totale.
Une situation qui pourrait néanmoins évoluer maintenant que la fédération européenne a mis en place un nouveau conseil d’administration et des groupes de travail qui incitent chaque syndicat national à s’investir et à échanger avec ses homologues, à partager sa vision et sa culture, et pourquoi pas à défendre des positions communes. Cela serait préférable non seulement pour parler d’une seule voix aux interlocuteurs européens, mais aussi pour avoir une défense plus efficace en cas d’attaque. Tout comme les médicaments, les compléments alimentaires cristallisent périodiquement des peurs incontrôlées. Ainsi, en septembre dernier, un article intitulé « Compléments alimentaires : danger » est paru dans le magazine « Sciences et avenir ». « Le titre fait frémir, et nous regrettons la confusion totale de ce type d’article. Le complément alimentaire répond à une définition précise issue de la directive européenne 2002-46. Or, l’article s’intéressait en fait à deux médicaments frauduleux, pour l’amaigrissement et la vitalité masculine, des contrefaçons fabriquées en Asie et contenant des substances médicamenteuses, qui étaient vendues sur Internet. » Au final, Alban Maggiar note que cette affaire n’a pas eu d’influence sur les consommateurs. Il précise également que la vente en ligne de compléments alimentaires est tout à fait légale, même si l’internaute doit rester vigilant. Le Synadiet, le syndicat français dont Alban Maggiar est aussi le président, a d’ailleurs mis en ligne un guide d’achat sur Internet.
Formation initiale.
Pour autant, il ne se montre pas particulièrement enthousiaste face à la multiplication récente des sites de pharmaciens, désormais autorisés à vendre en ligne des médicaments sans ordonnance. « Des pharmaciens vendaient déjà des compléments alimentaires sur Internet, mais cette nouvelle autorisation va multiplier les sites et entraîner une concurrence à la baisse qui va générer des distorsions de prix. Or, le pharmacien a un rôle de conseil essentiel, sa préoccupation ne peut pas être celle de casser les prix. » Le président relève qu’une obligation d’informations et de conseil est assortie à cette autorisation de vente en ligne, il aimerait qu’elle soit étendue à tout produit vendu par un pharmacien. « C’est aux équipes officinales de démontrer leur efficacité et leur connaissance des produits, sur Internet ou dans l’officine. Malheureusement, tous ne sont pas suffisamment formés. Je dirai qu’il y a entre 3 000 et 5 000 pharmacies vraiment impliquées dans les compléments alimentaires, parce que c’est une démarche personnelle du titulaire. La formation initiale comprend bien peu de nutrithérapie et c’est très variable d’une université à l’autre. » Pourtant, c’est un segment de marché qui peut rapporter beaucoup au pharmacien réellement investi et les officines restent, loin devant, le circuit de distribution privilégié des compléments alimentaires en France, puisqu’environ 65 % y sont vendus. Cela tient peut-être à la caution du conseil pharmaceutique, à un intérêt accru pour les produits « santé », et au profil des « personnes qui se complémentent, qui ont généralement un mode d’alimentation et de vie plus sain, qui prennent soin d’eux et coûtent moins cher à la Collectivité ».
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