Avec une augmentation de 5,6 % de son chiffre d’affaires en 2017 par rapport à l’année précédente, le marché des compléments alimentaires, le plus dynamique parmi les produits de santé, fait des envieux. D’autant que cette progression est « constante depuis la fin des années 1980, à l’exception de la crise de 2008 », précise la présidente du SYNADIET*, Christelle Chapteuil. Et c’est toujours à l’officine que la majorité des compléments alimentaires sont achetés puisqu’elle représente 51 % des parts de marché, loin devant la vente à distance (17 %), les circuits spécialisés en bio ou diététique (15 %), la GMS (11 %) et les parapharmacies (6 %). C’est aussi à l’officine que la plus belle progression est enregistrée, de 7,7 % pour un chiffre d’affaires 2017 de 914 millions d'euros (en sorties consommateurs en prix de vente TTC), avec trois catégories de produits qui dominent largement les autres en valeur : sommeil/stress/humeur (+22,6 %), digestion/transit (+15,1 %) et vitalité (-1,3 %). « Cela fait six ou sept ans que la croissance du marché est comprise entre 2 et 5 % et on devrait rester sur ce niveau dans les années à venir », ajoute Christelle Chapteuil.
Le conseil plébiscité
Car le contexte est favorable. Preuve en est le plan de prévention présenté par le comité interministériel pour la santé lundi dernier, qui inclut notamment la supplémentation de la femme enceinte (« le Quotidien » du 29 mars). À cela s’ajoute une étude menée par OpinionWay à la demande du SYNADIET sur « Les Français et les compléments alimentaires », qui confirme que la population se sent toujours plus actrice de sa santé. Sur 1 000 personnes interrogées en ligne du 10 au 12 janvier dernier, 68 % jugent être de plus en plus incitées à prendre soin de leur santé, « notamment par la prise de compléments alimentaires ». Ils sont d’ailleurs 46 % à avoir déjà consommé un complément alimentaire : 14 % une seule fois, 14 % en cure saisonnière, 13 % à certaines périodes et 6 % en continu. Et dans près de deux cas sur trois, cette consommation résulte d’un conseil délivré par un professionnel de santé : pharmacien (11 %), médecin généraliste (8 %), médecin spécialiste (8 %), autres professionnels de santé (6 %). Mais 62 % des répondants soulignent n’avoir jamais reçu de conseil sur les compléments alimentaires de la part de qui que ce soit.
Les Français présentent une vision positive des compléments alimentaires, qu’ils considèrent comme utiles pour lutter contre une alimentation déséquilibrée (67 %), à certains moments de la vie comme lors d’examens, de la ménopause ou de la vieillesse (66 %), où à certaines périodes de l’année pour limiter les petits maux comme le rhume (64 %). Ils déplorent en revanche un manque d’information concernant la qualité, l’efficacité, la composition et l’origine des compléments alimentaires et aimeraient être informés par les médecins et les pharmaciens.
À rembourser ?
L’officine a donc tout intérêt à s’investir dans le conseil de ces produits de santé. Pour renforcer la performance des officinaux – mais aussi des médecins – SYNADIET a lancé depuis 2010 « des cours dans les facultés de pharmacie et de médecine pour accompagner les diplômes universitaires qui se sont créés sur ce thème », indique Christelle Chapteuil. Ce n’est donc pas un hasard si la pharmacie est le circuit de distribution le plus important, « car depuis 10 ans, le pharmacien s’est véritablement inscrit dans cette dynamique, un grand nombre de produits ont été lancés et le phénomène des déremboursements a bénéficié aux compléments alimentaires ». Un phénomène qui contraste avec certaines des réponses obtenues par le sondage OpinionWay : 43 % des Français estiment que les compléments alimentaires devraient être remboursés, soit par l’assurance-maladie, soit par les mutuelles et assurances santé, soit par les deux, contre 36 % qui s’y montrent opposés.
Selon le Dr Pascale Modaï, les patients sont de plus en plus en demande de « quelque chose de léger et quelque chose de naturel, pour reprendre leur verbatim ». La nutritionniste n’était pourtant pas versée dans ce type de produits, mais elle en prescrit de plus en plus, tout en s’appuyant sur le conseil des pharmaciens car « ils connaissent bien les produits, et souvent mieux que les médecins ». À ses yeux, le complément alimentaire a toute sa place à tous les niveaux de prévention et si le conseil pharmaceutique reste le principal vecteur d’un usage raisonné, elle constate une hausse de la prescription de ces produits « qui ne sont plus réservés aux CSP+ et qui sont de plus en plus demandés par les consommateurs au détriment de l’homéopathie ».
* Syndicat national des compléments alimentaires.
Industrie pharmaceutique
Gilead autorise des génériqueurs à fabriquer du lénacapavir
Dans le Rhône
Des pharmacies collectent pour les Restos du cœur
Substitution par le pharmacien
Biosimilaires : les patients sont prêts, mais…
D’après une enquête d’UFC-Que choisir
Huit médicaments périmés sur dix restent efficaces à 90 %