Alcaloïde présent dans différentes plantes utilisées dans des compléments alimentaires, la berbérine est principalement mise en avant pour réguler la glycémie et la cholestérolémie. Pourtant, elle ne bénéficie d’aucune allégation santé autorisée au niveau européen et il n’existe pas de réglementation commune : certains pays l’interdisent, d’autres l’autorisent, d’autres encore limitent son usage. La France oblige à la présence d’un étiquetage déconseillant son usage chez la femme enceinte.
« Entre avril 2016 et aujourd’hui, 229 produits à base de berbérine ont été déclarés » par 111 fabricants aux services de la DGCCRF, dans le cadre d’une demande de reconnaissance mutuelle, soit 0,6 % des déclarations enregistrées sur cette période. Constatant de « fortes teneurs en berbérine » dans certains compléments alimentaires, la DGCCRF a saisi l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) pour connaître « les conditions les plus à même de garantir la sécurité d’emploi » de ces produits. L’agence a rendu son avis lundi dernier et met en garde : leur sécurité d’emploi « ne peut être à ce jour garantie ».
L’état des connaissances actuel et le peu d’informations disponibles sur les compléments alimentaires concernés poussent à la prudence. L’ANSES note que la berbérine présente des effets pharmacologiques avérés à 400 mg/jour chez un adulte, mais ne peut exclure de tels effets à un dosage moins élevé ; elle réclame la réalisation d’études pour déterminer la dose minimale associée à des effets pharmacologiques.
Population cible
En outre, le profil toxicologique de la berbérine inquiète. L’ANSES insiste notamment sur les risques de troubles gastro-intestinaux, d'hypoglycémie et d'hypotension, non indiqués sur l’étiquetage. Elle recommande à certaines populations d’éviter la consommation de compléments alimentaires contenant de la berbérine : les femmes enceintes ou allaitantes, les diabétiques, les personnes souffrant de troubles hépatiques ou cardiaques, les enfants et les adolescents.
Enfin, l’ANSES pointe la pléthore d’interactions médicamenteuses de la berbérine avec des anticancéreux (5-FU, camptothécine, paclitaxel, tamoxifène), des macrolides (azithromycine, clarithromycine), des statines (atorvastatine, simvastatine), des hypoglycémiants, des immunosuppresseurs (ciclosporine, tacrolimus) mais aussi avec une flopée de molécules de différentes familles : dextrométhorphane (antitussif), digoxine (cardiaque), kétoconazole (antifongique), losartan (antihypertenseur), metformine (antidiabétique), midazolam (hypnotique), thiopental (barbiturique), vérapamil (inhibiteur calcique), warfarine (anticoagulant) et tout médicament à marge thérapeutique étroite. Face à ces nombreuses interactions, l’ANSES préconise d’éviter les compléments alimentaires à base de berbérine en cas de traitement médicamenteux et rappelle aux patients l’importance de signaler toute consommation de compléments alimentaires à leur médecin ou à leur pharmacien pour prévenir risques et interactions.
* Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes.
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