Saisie en avril 2018 par la DGCCRF*, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) a rendu ce matin un avis sur les compléments alimentaires contenant de la berbérine. Les pharmaciens sont invités à la prudence lors de toute délivrance.
Les compléments alimentaires à base de berbérine sont principalement utilisés pour réguler la glycémie et la cholestérolémie, bien qu'aucune allégation santé ne soit autorisée au niveau européen. Or, entre avril 2016 et aujourd'hui, la DGCCRF a enregistré 229 produits de ce type déclarés par 111 fabricants dans le cadre de la reconnaissance mutuelle, parmi lesquels de très fortes teneurs en berbérine ont été constatées.
Après analyses, l'ANSES détermine que des effets pharmacologiques sont avérés à partir de 400 mg/jour de berbérine chez l'adulte mais n'exclut pas que de tels effets puissent exister à des doses inférieures. Des effets indésirables sont observés à partir de 600 mg/jour per os chez l'adulte. Notamment des troubles gastro-intestinaux, hypoglycémie, hypotension, toxicité maternelle et embryofœtale. Déplorant l'insuffisance des données sur la composition des compléments alimentaires concernés, et prenant en compte les données de toxicologie et les concentrations observées dans les produits étudiés, l'ANSES note que leur sécurité d'emploi « ne peut à ce jour être garantie ». Certaines populations à risque ne doivent pas en consommer : les femmes enceintes ou allaitantes, les diabétiques, les personnes souffrant de troubles hépatiques ou cardiaques, les enfants et les adolescents.
En outre, l'ANSES pointe des interactions pharmacocinétiques de la berbérine avec les molécules suivantes : ciclosporine, dextrométhorphane, digoxine, kétoconazole, losartan, metformine, midazolam, paclitaxel, statines (simvastatine et atorvastatine) et tacrolimus. Un risque d'interaction est possible avec d'autres médicaments métabolisés par les cytochromes CYP2D6 et CYP3A4 ou substrats de P-gp et pour tout médicament à marge thérapeutique étroite. À cela s'ajoutent de possibles interactions pharmacodynamiques avec certains anticancéreux (5-FU, paclitaxel, camptothécine), des macrolides (azithromycine, clarithromycine), des statines et des hypoglycémiants.
Vu les nombreuses interactions médicamenteuses identifiées, l'ANSES recommande d'éviter la consommation concomitante de compléments alimentaires contenant de la berbérine et de médicaments, mais aussi la consommation concomitante de plusieurs compléments alimentaires ou de compléments incluant de nombreux ingrédients. Elle invite les patients à signaler la consommation de compléments alimentaires et de traitements médicamenteux concomitants à leur médecin ou leur pharmacien.
* Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes.
Industrie pharmaceutique
Gilead autorise des génériqueurs à fabriquer du lénacapavir
Dans le Rhône
Des pharmacies collectent pour les Restos du cœur
Substitution par le pharmacien
Biosimilaires : les patients sont prêts, mais…
D’après une enquête d’UFC-Que choisir
Huit médicaments périmés sur dix restent efficaces à 90 %